Dimanche, 13 Janvier 2013 14:59

sidibousaidLes habitants de Sidi Bou Said  ont commencé, ce dimanche 13 janvier, à nettoyer et remettre en état le mausolée emblématique de leur cité. Quelques dizaines de personne ont entamé une marche de protestation en direction du palais de Carthage pour exprimer leur colère, suite à l’incendie criminel qui a visé le mausolée de Sidi Bou Said, samedi.

Les flammes ont tout ravagé, et le chargé de l'information auprès du ministère de l'intérieur Khaled Tarrouche a affirmé que «les causes de l'incendie restent encore inconnues en attendant les résultats de l'enquête». Il ne s’agit pourtant pas d’une première, mais d’une série noire.

Plusieurs autres zaouïas ont été ciblées ces dernières semaines, dont  le mausolée de la Saida Manoubia, à La Manouba, celui de Sidi Abdelaziz à la Marsa, celui de Sidi Ali Hachani à Menzel Abderrahman, du côté de Bizerte, et Sidi Abdallah Ghribi à Sidi Bouzid, dans le berceau même de la Révolution Tunisienne.

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Reste à savoir si les autres saints patrons de Tunis, tels Sidi Belhassen ou Sidi Mehrez, le «Sultan de la Médina» seront également visés. En tous cas, une menace certaine plane sur ces lieux qui incarnent l’identité tunisienne, préservée au fil des siècles. Oseront-ils s’en prendre à Sidi Boulbaba, le compagnon du Prophète de l’Islam qui gît à Gabès ? Probable, puisque les wahhabites n’ont pas craint de démolir les vestiges, les quelques traces historiques qui nous restaient du Prophète lui-même, à La Mecque. Dans les lieux saints qui ont vu la naissance de l’Islam, les wahhabites ont entièrement rasé les tombes de la famille du prophète.

Abdelaziz Ibn Baz, mufti d’Arabie Saoudite, a émis une fatwa en ce sens en 1994,  arguant du fait qu'« il n'est pas permis de glorifier les bâtiments et les sites historiques. De telles actions mènent au polythéisme». Ce qui justifierait donc la destruction de ces monuments.

Or manifestement, cette tendance a aujourd’hui atteint la Tunisie, et se répand comme une traînée de poudre. En d’autres termes, les mausolées de Sidi Mâaouia à Nabeul, Sidi Sahbi à Kairouan risquent actuellement d’être également visés, si des mesures sécuritaires ne sont pas prises de toute urgence. Pour éviter que la mise à sac de la ville de Tombouctou, cœur palpitant du mysticisme islamique au cœur de l’Afrique, ne s’étende en terre tunisienne. Déclenchant horreur et stupéfaction auprès de nos concitoyens, qui sentent désormais planer le danger. A cet égard, la comédienne et femme de culture Leila Toubel s’interroge : «quand ils s'attaquent aux morts, qu'est-ce qu'ils réservent et planifient pour les vivants»?

Soufia Ben Achour

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«Ils s'attaquent aux morts, que réservent-ils aux vivants» ?
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