Jeudi, 26 Décembre 2013 22:36

Tribune. Les porteurs de Handicap sont les oubliés de la Révolution Tunisienne. Ces hommes et ces femmes, souvent membres de notre famille proche ou lointaine, ces enfants, nos enfants nés par la force des choses ou devenus par accident ou maladies, porteur de handicap, donc différents. Par Abdelhamid Khairi

Ces personnes auxquelles on ne pense jamais, à moins de les avoir sous les yeux…  Et même là, en général, le ce regard que nous portons sur eux n’est pas anodin. C’est un regard empli de compassion et de pitié pour les uns ou d’indifférence pour les autres. Un regard qui ne nous fait pas voir l’être humain que nous avons en face de nous et sa richesse.

Cet apport humain extraordinaire qu’il pourrais nous communiquer dans tous les domaines. Cette capacité d’adaptation magnifique qu’ils ont développée d’exceller  à peine on en leurs donne les moyens ou l’opportunité , mais l’homme amoindrie celui  qui nous remet en face de notre réalité celle à laquelle on ne pense jamais ou plutôt celle à laquelle on ne souhaite jamais être amener à  penser celle à laquelle on souhaite en fait échapper afin peut être de conjurer le sort  sur notre faiblesse ,notre fragilité en tant qu’être humain. Ce corps  cette mécanique si complexe  si forte et si fragile à la fois et qu’un simple grain de sable vient à arrêter, et ironie de ce sort que l’on tente par toute nos force d’occulter à en bloquer le fonctionnement dit  «normal».

Ces Hommes et ces Femmes qui ont connu depuis  le début des temps la ségrégation, l’isolement et l’enfermement arbitraire au sein d’institutions étatiques ou ils ont connu les pire violences et torture, sur les corps desquels on a tenté toutes les expériences possibles et imaginables.

Au nom de la science, ils ont subi  la violation et le déni de ce  droit que tous s’accordent à définir comme étant le plus fondamental : celui de la vie, celui de la procréation par leur stérilisation systématique. Par la mise en place, par certains régimes  de l’eugénisme comme politique d’Etat.

Ils ont ainsi été les premiers à subir l’horreur du génocide, dans le cadre d’un programme d’euthanasie  connu sous le nom de « Aktion-T4»,  avant qu’une telle horreur ne soit étendue aux caractéristiques «raciales». 

Cette frange de la population qui d’après le dernier rapport de l’ONU vient de franchir la barre du Milliard soit quasiment plus de 14% de la population mondiale et qui est considérée selon ce même rapport comme étant la plus grande minorité du monde et dont les droits sont jusqu’à aujourd’hui toujours les derniers à respectés, malgré tous qu’ils continuent à subir jusqu’à ce jour.

Mais rappelez-vous Mesdames et Messieurs, que nul n'est à l'abri. L’handicap peut toucher tout un chacun. De naissance, suite à une maladie ou par un accident, qui peut survenir à tous les stades de la vie, pour toucher n’importe qui, sans distinction aucune, de race, de sexe ou de croyance religieuse .

En Tunisie, les derniers chiffres qui sont bien en de ça de la réalité et qui datent de 2008 évoquent 151 423 porteurs de Handicap ou plutôt de détenteurs de carte Handicapé. Or on est très loin du chiffre exact. Il faudrait multiplier ce chiffre par 2,5 pour disposer d’une évaluation plus proche de la réalité des faits. Au chiffre obtenu, il faudrait additionner le nombre des membres de la famille des personnes touchées, pour tenter de cerner un phénomène, qui concerne entre 12 et 15% de la population.

Malgré tout cela, la Tunisie ne fait pas exception à la règle du déni de droit. Et ce, malgré les lois que notre pays a adoptées, le cadre de la loi organique de 1985 puis de celle de 2005 et les chartes et convention signées en 2007 puis ratifiées en 2008. Ces droits si cher à chacun d’entre vous et que vous descendez défendre dans la rue à chaque fois qu’ils se trouvent menacés.  

Mais leurs droits, à eux, sont loin d’être respectés. Pis : au lieu d’être traité en tant qu’individu à part entière et respecté en tant que tel, ils sont classifiés et cantonnés dans la case des cas sociaux, malgré les preuves multiple de leur réussite dans des domaines aussi divers et variées que la culture, l’art, ma science, ou le sport. A condition de leur en donner les moyens.

Mais ces moyens ne leurs sont pas donnés par les institutions et une politique d’Etat comme se devrait être le cas. Mais généralement par le sacrifice et l’amour de leurs proches ou de personnes gagnées à leur cause, par ces organisations non gouvernementales, et surtout, par la farouche volonté de réussir qui les habite. Cette volonté de réussir malgré tous les obstacles qu’ils se doivent d’abattre pour s’insérer dans la société.

Je ne citerai qu’un exemple : celui de notre drapeau national flottant haut dans le ciel londonien et notre hymne national retentissant  à dix neuf  reprise aux jeux para-olympiques de 2012, plaçant la Tunisie à la quatorzième place sur un total de soixante quatorze nations.

Un exploit en rapport aux moyens mis à leur disposition. Allez demander à ces hommes et ces femmes qui ont fait la fierté de notre pays de quelle manière ils ont été traités et s’ils ont été reçus aussi bien que leurs collègues valides. Rappelez-vous la gène qu’ont eu nos présentateurs télé au moment de les recevoir, car ils ne savaient pas de quelle manière les traiter. Et là, vous comprendrez de quoi je parle.

Alors, afin que cette injustice cesse, et que de véritables avancées sur le terrain se fassent ressentir dans la vie quotidienne de cette frange de la population, que sont les personnes à besoin spécifique ou spéciaux, et que leurs dits droits soient pris véritablement en considération et non pas juste couchés sur le papier comme cela l’a été  jusqu’à aujourd’hui. Nos constituants se doivent de prendre leurs responsabilités et se doivent d’inscrire ces dits droits clairement et sans aucune ambiguïté, à l’instar du Portugal.

Les Portugais, en effet, au lendemain de leur Révolution « les articles 69 à 72 ont imposé à tous les gouvernement qui se sont succédé de 1974 à nos jours, une politique de promotion social de sensibilisation et d’assistance bénéficiant aux enfants, aux handicapés comme aux personnes âgées. Obligeant tous les partis politique à les intégrer dans leurs programmes et à leur réserver une part du budget de l’Etat».

Les Portugais qui venaient de se débarrasser de la dictature de Salazar, ont ainsi jeté les bases d’une société respectant les droits de tous. Faisant des valeurs de solidarité, d’équité, et d’égalité des chances, une véritable pierre angulaire.

Alors nous Tunisiens et Tunisiennes dont la Révolution, saluée et louée dans le monde entier,  a revendiqué la justice sociale, la Liberté et la Dignité, nous avons le devoir, par respect pour le sang des martyrs, de donner à ces hommes et ces femmes leurs droits  fondamentaux dont ils ont été  privés.

Nous, Tunisiens, avons le devoir d’adopter une loi en leur faveur, une loi qui soit forte et explicite, engageant l’Etat et ses institutions dans une politique globale de promotion, de sensibilisation, et d’accompagnement, afin de combler le retard et contribuer à les insérer totalement au sein de la société. Pour qu’ils soient enfin considérés comme des partenaires à part entière dans le développement social, politique, et économique. Pour qu’ils puissent bénéficier de leurs droits et libertés, comme tout citoyen digne de ce nom. Pour qu’ils aient aussi leur mot à dire dans la construction de leur patrie, la Tunisie.

المادة 47:

 1.   تتّخذ الدولة جميع  التدابير القانونية اللازمة لتحقيق التكامل التام الاجتماعي والاقتصادي والسياسي للأشخاص ذوي الإعاقة   حسب طبيعة الإعاقة المؤثرة .

2.   تشمل هذه التدابير اعتماد و تعديل البرامج والتشريعات والإجراءات وتسخير الموارد الماليّة لتمكين الأشخاص ذوي الإعاقة  من  الحقوق والحريات المنصوص عليها في هذا الدستور و في المعاهدات الدولية المصادق عليها من طرف الجمهوريّة التونسيّة

1-L’Etat prend toutes les dispositions légales nécessaires complémentaires, permettant l’insertion total des personnes porteuses de Handicap au sein de la société dans les domaines sociaux, économique et politique et cela selon la nature de son (l’) Handicap.

2-Ces dispositions englobent l’amendement et la prise de nouvel loi, la mise en place et le développement de nouveaux  programmes les concernant ainsi  que la mise à disposition des fonds nécessaires leurs permettant la pleine jouissance des droits et liberté tel que inscrit dans cette constitution et dans le respect des traité internationaux ratifiés par l’Etat Tunisien.

Soutenez nous, soutenez la loi que nous défendons. Ce n’est pas difficile. Vous avez juste à contacter par téléphone, e-mail le député de votre région ou le bureau de l’ANC. Vous pouvez en parler sur les réseaux sociaux, plateau télé, presse écrite, radio.

La loi sera bientôt passée. Nous avons besoin de chacun d’entre vous afin que les droits des porteurs de Handicap soit garantis, et pour remédier aux disparités flagrantes et aux traitements inhumains que subit depuis des décennies une grande partie de la population.

Ou alors créez ce vingt-cinquième gouvernorat que je serais le premier à rejoindre.  Et débarrassez-vous de nous une bonne fois pour toute. Pas de pitié pas de compassion. Nous voulons nos droits.

A. K.

Handicap : Le gouvernorat des éternels oubliés
Bannière
Bannière

Annonces

Suivez-nous !

MagZik

Top 5 de la semaine

    Vos amis apprécient...

    You are here: