On n’est visiblement pas près d’en finir avec les déclarations d’innocence du clan Ben Ali-Trabelsi. Après son fameux «ghaltouni», l’ex-dictateur a distillé les pseudos révélations par le biais de son avocat libanais. Et voici qu’Imed Trabelsi s’y met à son tour.

Dans une interview publiée le lundi 16 janvier par le quotidien français «Le Parisien»,  c’est à peine si le neveu préféré de Leila Trabelsi n’accuse pas la justice tunisienne. Mieux : s’il avoue ne pas être «un ange», il précise même qu’il est un gros un travailleur, qui se paye des journées de 14 heures de boulot.

Pis : le ripou d’entre les pourris se permettra même d’émettre un jugement sur la Révolution. Il trouve ainsi qu’elle «n’est pas encore complètement achevée et n'a pas atteint tous ses objectifs. Pour être démocratique, un régime politique doit s'appuyer sur une justice équitable et des médias libres et indépendants». Et pour cause : selon le criminel, la justice de la Tunisie d’après Ben Ali n’aurait pas été juste avec lui, et encore moins les médias. Dieu que ce monde a été injuste envers Imed Trabelsi, la victime innocente de l’Histoire assassine !

Et puisque ce sont des Français qui mènent l’interview, l’affaire du yacht revient immanquablement sur le tapis. On apprendra ainsi que ce n’est pas lui, l’auteur du vol de ce bateau appartenant à un banquier de l’Hexagone, mais l’un de ses cousins, un autre Trabelsi…

Il ne manquerait plus que les ex-tortionnaires de la Dakhiliya, ceux qui infligeaient les supplices du «poulet rôti», et autres joyeusetés du style de la «bouteille cassée» se fendent d’un communiqué commun. On pourrait ainsi y lire, qu’en fait, ce sont eux les véritables victimes du système Ben Ali, puisqu’ils endurent de séquelles psychiques à la mesure des souffrances infligées à Hamma El Hammami, et autres.

Ce qui ne nous empêche pas d’être d’accord avec Imed Trabelsi au moins sur un point. La Révolution n’est apparemment pas encore tout à fait achevée, parce que des responsables de l’ancien système, précisément ceux qui ont permis que les Trabelsi et leurs sous-fifres s’enrichissent, ceux qui les ont aidés dans leurs manœuvres frauduleuses, continuent de mener leur barque, comme si de rien n’était. Certains de leurs associés continuent même de diriger des médias de masse. C’est dire qu’il y a effectivement lieu de s’interroger sur la Révolution.

Quant à la justice, dans les années Ben Ali, les courtisans et autres Trabelsi n’avaient même pas besoin de contrevenir à ses lois pour faire leur business. Des contrats en bonne et due forme ont ainsi été signés, sur le dos du Tunisien. Faut-il pour autant leur pardonner et les laisser libres de sévir dans la Tunisie d’aujourd’hui, pour une question de vice de forme ?

Moez E.K