Jeudi, 23 Février 2012 15:44

science-tunisieIl y a aujourd’hui en Tunisie des docteurs au chômage depuis plus de 5 ans. Des scientifiques de haut niveau sont ainsi dans l’attente d’une hypothétique réussite dans des concours souvent entachés de népotisme et couramment caractérisés par une absence totale de transparence. L'appel est lancé au ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique.

Presque toutes les grandes universités tunisiennes proposent aujourd’hui, des parcours aboutissant au diplôme de doctorat en science (théoriquement 8 à 9 ans après le baccalauréat).  Le nombre de docteurs en sciences augmente d’une manière exponentielle d’année en année. Paradoxalament, des secteurs de pointes, comme la biotechnologie, et la biologie qui participent à l'essor économique de l'Europe et des USA, sont particulièrement touchés par le chômage dans notre pays. Pis: vu l’absence totale d’études prévisionnelles et l’inadéquation entre le nombre des docteurs diplômés et les opportunités d’embauche, le chômage des docteurs scientifiques a atteint des proportions inquiétantes ces dernières années.Ainsi, l’Association Tunisienne des Docteurs et Doctorants en Sciences (ATDocS) a identifié 5 cas de docteurs chômeurs depuis 2007.

Le chômage des docteurs  scientifiques pose un problème majeur qui reste pourtant ignoré par les pouvoirs publics. Ce problème entraîne de graves conséquences économiques, sociales, et psychologiques, à l’échelle nationale. Outre la fuite des cerveaux vers l’étranger, des centaines de compétences tunisiennes se retrouvent à l’issue de leur longue et coûteuse formation au banc de la société, vivant dans la précarité et frustrés de ne pouvoir mettre leur savoir au service du développement de la Tunisie.

C’est pour toutes ces raisons qu’un groupe de scientifiques tunisiens ont décidé de lancer appel à M. Moncef Ben Salem, le ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique. Objectif : contribuer au sauvetage de la recherche tunisienne. 13 propositions ont été formulées en ce sens :

  1. Fixer les objectifs des formations des scientifiques (biologistes, informaticiens, mathématiciens,…) en adéquation avec le marché du travail.
     
  2. Améliorer l’infrastructure des laboratoires universitaires (équipements, matériels informatiques…) afin que les étudiants puissent recevoir une formation pratique en adéquation avec la formation théorique.
     
  3. Garantir l’établissement d’un contrat de travail avec une indemnisation correcte pour tous les doctorants tout au long de leurs recherches doctorales (4 ou 5 ans).
     
  4. Favoriser les Co-encadrements de thèses et la formation d’une commission qui évalue la qualité d’encadrement et qui peut intervenir entre le doctorant et l’encadreur en cas de problèmes.
     
  5. Rendre ces filières plus attractives pour les étudiants brillants en leur attribuant des bourses ou des subventions.
     
  6. Récompenser financièrement les équipes de recherches qui publient dans des journaux internationaux à facteur d'impact élevé.
     
  7. Contraindre les institutions concernées (Université, Laboratoires, Instituts, Centre de Recherche, Entreprises) à instaurer un cadre juridique pour l'exercice de la recherche en laboratoire et en entreprise (convention de stage, convention de thèse, pratiques conformes aux règles d'hygiène et de sécurité).
     
  8. Instaurer un statut juridique reconnaissant le Scientifique Chercheur. Ce grade devrait conférer à la personne titulaire d'une thèse de doctorat en sciences la garantie d'une sécurité sociale, et d'un titre professionnel.
     
  9. L’Etat doit aider la recherche en proposant des appels d’offres et des financements ciblés par thématiques. Ces financements doivent garantir la mise en place d’une recherche de bonne qualité donnant lieu à des publications et des retombés économiques à court et  long terme.
     
  10. Créer des concours pour des postes de chercheurs à plein temps.
     
  11. Réévaluer la position du docteur (chercheur) dans l’université tunisienne. Il faut lui garantir un salaire digne de sa formation et de son statut afin d’éviter la fuite de nos « cerveaux » à l’étranger.
     
  12. Favoriser et promouvoir la synergie entre l’entreprise et l’université. Dans ce sens, il faut faciliter les conventions de stages et inciter financièrement les entreprises qui recrutent des cadres scientifiques et ceux qui participent dans des projets de recherches universitaires.
     
  13. Faciliter l’installation des start-up, en créant des zones franches et surtout en aidant financièrement les projets innovants présentés par des nouveaux diplômés. Ceci nécessitera, évidemment, la création d’une haute instance formée par des experts dans différents domaines. Cette instance aura la charge d’évaluer les projets en fonction de leurs retombés scientifiques et surtout  économiques.

Signataires :

Dr. Mouaadh Abdelkarim, Dr. Sonia Ben Hadj Khalifa, Dr. Hayet Ben Khaled, Dr. Leila Mhiri, Dr. Bouraoui Yosra, Dr. Abdelwahed Afef, Dr. Tounekti Taieb, Dr. Sonia Nouira, Dr. Zouhour Limam, Dr. Boutheina Grami

13 propositions pour sauver la recherche scientifique en Tunisie
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