Samedi, 07 Avril 2012 21:45

matraque-police-tunisieAprès le tabassage des blessés et des familles des martyrs de la Révolution devant le ministère des Droits de l’Homme, voici que la police use des mêmes arguments frappants ce samedi 7 avril, pour faire face à la manifestation de l’Union des Diplômés Chômeurs (UDC).

En clair, les catégories de la population les plus engagés dans le processus révolutionnaire en Tunisie ont été visés, et agressées par les forces de sécurité. Le 25 février, c’étaient  les manifestants de de l’Union Générale Tunisienne du Travail qui se sont faits cueillir à coups de matraques. Des journalistes, dont Aymen Rezgui, membre du Bureau Exécutif du Syndicat National des Journalistes Tunisiens (SNJT), ont ainsi été roués de coups à deux pas du ministère de l’Intérieur. Un spectacle devenu presque courant, en attestent ces photos sanguinolents qui circulent sur le Net tunisien, avec de jeunes femmes se tordant de douleur, sur le sol, en plein centre de Tunis, en cet ensoleillé samedi d’avril…

On aura remarqué que l’escalade de l’horloge en plein avenue Habib Bourguiba, paraît moins risquée que de défiler pour revendiquer le droit au travail. Un droit qui a même été l’un des moteurs de la Révolution. «Choghl Horria, karama watanya», (travail, liberté, dignité) l’un des principaux slogans scandés en chœur dans les rues de la Tunisie, du 17 décembre au 14 janvier, place d’ailleurs la revendication de l’emploi en première position. Une question centrale donc. Et pour cause : avec un taux de chômage de 19%, plus de 700 000 tunisiens sont aujourd’hui sans emploi. Plus de 25% d’entre eux sont des diplômés de l’enseignement supérieur. Et selon certaines prospective, la barre du million de chômeurs risque d’être bientôt franchie. En somme, il apparait donc que la revendication des manifestants de l’UDC est non seulement légitime, mais a aussi le mérite d’attirer l’attention de nos gouvernants sur les vrais problèmes des Tunisiens. Un signal d’alarme, donc. Or visiblement, les autorités ne l’entendent pas de cette oreille. Et à l’Assemblée Constituante, les débats identitaires ont trop souvent occulté le brûlant volet social.

Et en attendant des décisions plus en phase avec les besoins vitaux des jeunes Tunisiens, la gestion sécuritaire prend le pas sur celle des ressources humaines. Or la police tunisienne n’apparait pas avoir retenu les leçons de la Révolution. Même comportement, avec toujours un recours disproportionné à la force et au gaz lacrymogène. Et de Ben Ali au gouvernement Jebali, ceux qui abattent les matraques sur nos cranes, n’ont pas vraiment changé.

Moez El Kahlaoui

La police de Tunisie n’a pas fait sa Révolution
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