Tunisie : La police responsable de 79% des morts de la Révolution |
Samedi, 05 Mai 2012 14:19 |
La police est responsable de la mort de 79% des victimes de la Révolution indique le rapport de la Commission nationale d’investigation sur les dépassements et les violences (Cnidv), rendu public le vendredi 4 mai. Le ministère de l’Intérieur est également impliqué dans 96,18% des cas de blessures. La commission Bouderbala s’est basée sur l’étude et le dépouillement de 2489 dossiers, parmi lesquels 338 cas de décès (dont 86 prisonniers, 14 policiers, et 5 militaires), et 2147 blessés (dont 62 prisonniers et 28 policiers. Le rapport précise (à la page 25), que jusqu’au 14 janvier 2011, la police a été responsable de 98,89% des cas de décès et de 99,86% des cas de blessures. Mais après cette date, les forces du ministère de l’Intérieur sont responsables de 51% des morts contre 49% pour l’armée. Quand aux cas de blessures, c’est toujours la police qui apparait comme étant le responsable de 81% des cas, contre 19% pour l’armée. Le rapport souligne également que 68% des blessés ont été touché touchés entre le 17 décembre 2010 et le 14 janvier 2011. Par contre, 61% des morts sont survenues après la fuite de l’ex-dictateur Ben Ali en Arabie Saoudite. A noter que des armes à feu ont été utilisées pour tuer 66% des morts, et pour atteindre 45% des blessés. Premier verdict dans un procès de policiers Il aura pourtant fallu attendre le 30 avril, pour que justice soit rendu, dans l’un de ces dossier. Le premier verdict de l’un des procès des martyrs de la Révolution a été, en effet, prononcé dans la nuit du 30 avril par le tribunal militaire permanent de Sfax. Deux agents de police, Mohamed Saïd Khalouda et Omrane Abdelâal, ont été condamnés à 20 ans de prison chacun et à verser 80 000 dinars d’indemnisations à la famille de la victime, le jeune Slim Hadhri, tué le 13 janvier 2011, à Kerkennah. Mais la réaction de la police ne s’est pas fait attendre. Le mardi 1er mai, le syndicat des unités d'intervention a qualifié la condamnation de leurs deux collègues, d’une mesure intervenue pour «calmer l’opinion publique». Alors qu’en parallèle, du côté des autorités, on fait peser de lourds soupçons sur les blessés de la Révolution, parmi lesquels, précise le ministère de la Santé, se seraient infiltrés des faussaires. D’autres relèveront même des cas de corruption flagrants au sein de l’administration, qui aurait ainsi permis ces dérives. Reste à espérer que les résultats de l’enquête menée par la commission présidée par Taoufik Bouderbala puissent servir à accélérer le cours des choses, et surtout, à tirer au clair les (trop) nombreux éléments demeurés dans l’ombre. Lotfi Ben Cheikh Facebook Social Comments |