Mardi, 21 Octobre 2014 15:50

A cinq jours des élections législatives, la spectaculaire rivalité politique entre les formations de Caid Essebsi et de Ghannouchi, la lancinante question identitaire, puis la violence terroriste auront eu pour effet d’oblitérer les enjeux économiques et sociaux.

Pourtant, à la fin de l’année 2013, plus de 24,7% des Tunisiens vivent en dessous du seuil de pauvreté nous apprend le ministère des Affaires sociales. Et selon le Fonds monétaire international (FMI), c’est en Tunisie que l’on retrouve le pire taux de chômage (16,7% en 2013) de toute la zone MENA (Moyen-Orient & Afrique du Nord).

Or rien n’indique que les choix annoncés par Ennahdha ou Nida Tounes soient en mesure de résorber le chômage, et la pauvreté, qui ont constitué les principaux facteurs déclencheurs de la Révolution.  Au contraire. Les deux principaux partis de la droite tunisienne proposent en effet des réponses conservatrices similaires, aux questions stratégiques de développement économique.

Le problème ? L’économie tunisienne reste dominée par une oligarchie qui n’a pu prospérer que grâce à sa proximité avec les centres du pouvoir. Concessionnaires automobiles bénéficiant de rentes de situation. Opérateurs télécoms profitant de licences accordées dans des conditions plus que douteuses. Hôteliers bénéficiant de crédits quasi sans garantie, enfonçant aujourd’hui les banques publiques dans une crise d’une extrême gravité, sans même que les résultats de l’audit pourtant réclamé à cors et à cris par des députés ne soient rendus publics. Pis : le contribuable est appelé à mettre la main à la poche pour payer l’ardoise laissée par les aigrefins.

Un secteur de l’informatique, marqué par la domination des représentants locaux de multinationales (telles Microsoft), dont les contrats signés sous Ben Ali ont été reconduits par les gouvernements qui se sont succédé après le 14 janvier, malgré les critiques virulentes des tenants des solutions libres et nationales.  

La contrebande occasionne chaque année des pertes pour l’Etat, estimées à deux milliards de dinars. Et voici que l’on retrouve ces marchandises entrées illégalement,  sur les rayons de certaines grandes surfaces, démontrant, si besoin est, les connivences et l’étendue des complicités dont jouissent ces réseaux mafieux.

L'environnement économique marqué par l’opacité des transactions, et le favoritisme ne permet donc pas l’émergence de sociétés véritablement productives, à même de créer de la valeur ajoutée, et de favoriser l’embauche de nos jeunes diplômés. Et si Nida Tounes a clairement opté pour la continuité, en comptant notamment sur l’appui des «élites» économiques, c’est dans les mêmes eaux qu’Ennahdha  a pêché ses soutiens.

Hakim Ben Hammouda, le ministre de l’économie, aura beau jeu d’affirmer que les trois prochaines années 2015, 2016, 2017 seront encore plus dures que celle en cours, puisque que tous les indices le démontrent, d’ores et déjà. Il n’est donc pas interdit de prévoir la reproduction de scénarios tristement familiers, les mêmes causes produisant les mêmes effets. Après les émeutes du pain de janvier 1984, la révolte initiée dans la douleur, le feu et le sang le 17 décembre 2010, à quoi faudrait-il s’attendre pour les prochains mois, une fois que la gueule de bois électorale sera passée?

Moez El Kahlaoui

Ennahdha et Nida, après la gueule de bois
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