Mercredi, 10 Décembre 2014 12:27

L’opportunité économique d’un tel projet n’est plus à démontrer: on peut l’estimer à une dépense évitée pour nos importations alimentaires de l’ordre d’un milliard de dinar par an, soit le cinquième de l’enveloppe dédié à cet effet ! Par Cheikhalifa Mohamed, Macro-économiste.

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La plantation de la betterave à sucre avait démarré en Tunisie, à plein champs, en 1903 ! Elle a suivi des hauts et des bas, pour aboutir plus d’un siècle plus tard, en 2014, à nous livrer moins de  1 % de notre consommation annuelle de 360 000 T de sucre ! C’est tout simplement désarmant !

Pourtant cette spéculation agricole est très bénéfique pour l’assolement aussi bien que par les sous-produits qu’elle fournirait à l’élevage et à l’industrie de la levure …et de l’alcool !

Le rendement moyen à l’hectare, en sucre, serait de l’ordre de 6 Tonnes et de 15 tonnes d’aliments de bétail environ.

Malgré que cette spéculation a élu domicile au nord, aux environs de Bou Salem,  sur nos meilleures terres les mieux arrosées (+ de 550 mm/an ), elle nécessite une  irrigation d’appoint,  à raison de 12 500 m3/ha environ!

Ainsi, pour couvrir notre consommation de sucre, c’est 60 000 ha qu’il faut arroser avec au moins 750 M² de m3 soit le quart de nos retenues annuelles d’eau !

Ceci ne peut se faire sans déclencher une dispute quant à l’affectation de nos ressources : terre et eau.  

Il me semble que c’est un nouveau paradigme qu’il faut initier pour assurer l’autosuffisance en cette denrée et nous fournir au passage 900 000 t d’aliment de bétail frais et bio que nous sommes entrain d’importer – leur équivalent - sous forme de grain ( OGM ?): orge et maïs ! Ceci sans parler des 200 000 t de mélasse réservé à la production de la levure, produit à haute valeur ajoutée, aussi bien que de l’alcool …

L’opportunité économique d’un tel projet n’est plus à démontrer : on peut l’estimer à une dépense évitée pour nos importations alimentaires de l’ordre d’un milliard de dinar par an, soit le cinquième de l’enveloppe dédié à cet effet !

Pour frayer la voie royale pour la réalisation d’une telle œuvre colossale, qui n’a pu se faire en un siècle et une décennie, il va falloir mettre en valeur notre avantage comparatif en matière d’énergie solaire, à bon escient, et avec les moyens de notre temps !

Par ailleurs pour conjurer les menaces du changement climatique qui pèsent sur notre  pays : raréfaction de nos ressources en eau,  persistance de la sécheresse,  montée du niveau de la mer, avancée du désert, désertification de nos campagnes, le dessalement de l’eau de mer à l’énergie solaire, serait la solution idoine !

Si cette production de betterave à  sucre, tentée dans les zones du pays des mieux arrosées, à nécessité un apport d’eau, en plus des précipitations de l’ordre de 5 500 m3/ha/an, c’est que les besoins de la culture sont de l’ordre de 18 000 m3/ha .

Il pourrait être envisagé pour enclencher le nouveau paradigme, le recours à l’irrigation par de l’eau dessalée à l’énergie solaire concentrée dans la région de Hergla , région irriguée par un flux de rayonnement direct solaire, DNI de l’ordre de 2 000 kWh/an/m², équivalent à celui prévalent à Régime Maatoug !

La demande d’eau, pour produire de la betterave, dans l’arrière pays de cette zone, d’une pluviométrie de l’ordre de 3000 m3/ha, et pour les 60 000 ha concernés par ce programme serait de l’ordre 1 milliards de mètres cubes. Sachant qu’un km² de la zone considérée, équipé de concentrateurs thermiques  solaires, nous permettrait d’extraire 60 M² de mètres cubes par an d’eau distillée. C’est seulement 20 km² qu’il nous faut équiper à cet effet  prés de la station de péages de l’autoroute Hergla !

Ainsi, on injecterait la vie à des terres arables, à l’ouest de la GP1, et jusqu’aux environs de Kairouan,  qui somnolaient à la merci de pluies aléatoires, pour en faire notre grenier à sucre,

Un pareil projet permettrait, sur la base communément admise, selon laquelle 1000 m3 usités dans l’irrigation générerait 17 journées de travail, de créer 55 000 emplois permanents !

Les 60 000 ha dont-il s’agit pourraient être couverts par une  culture de betterave sucrière, en premier niveaux sous les champs d’oliveraies et de proche en proche à l’intérieur des terres à l’arrière pays de la zone de dessalement… Ce qui nous permettrait de réguler la production d’huile d’olive, pour la superficie concernée, en la portant de 100 kg d’huile à l’hectare par an, à 500 kg, comme c’est le cas pour la rive nord méditerranée ! Cet apport de 24 000 t d’huile d’olive supplémentaire par année serait le bienvenue : c’est 12 %  de la récolte en plus engrangé chaque année !

Les besoins en énergie électrique pour le pompage de l’eau seront fournis aussi par l’énergie solaire PV, dont le prix – sans subvention -est devenu très compétitif ! En effet à titre d’exemple concret, le 31/10/14, suite à un Appel d’Offre lancé en Aout dernier, le Brésil vient de conclure un marché pour se faire livrer, pour 20 ans à partir de 2017,  de l’électricité de 31 centrales PV, d’une capacité globale de 1 048 MW c, au prix de 89 $ le MWh, soit à 160 de nos millimes le kWh !

Pour nous, nos 100 km² de toits des ménages et autant pour le reste du bâtis, sont prés à l’emploi pour recevoir une capacité de production PV de plus de 10 Giga !

Le développement économique entrainé par ce cycle vertueux de production est incommensurable  et durable !

Une véritable industrie sucrière essaimera au centre Penser globalement et agir localement en est le maitre mot : la combustion des 3 600 t de fuel servant au transport de notre consommation de sucre d’outre les hautes mers serait aussi épargnée, pour le bien de Mère Nature et à vie !

Tunisie: Révolution de sucre et d'eau fraiche
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