Lundi, 07 Novembre 2011 19:29

bengamraUne chanson de Faouzi Ben Gamra a eu l’effet d’un tremblement de terre chez notre télévision nationale. La veille de l’Aid, les Tunisiens ont ainsi pu écouter et voir, samedi, l’ex-mzaoudi reconverti dans la chanson soufie islamisante, déclamer des prières encensant Ben Ali.

Autant dire que la prière en question a fait scandale auprès des Tunisiens. La direction d’El Watanya a pourtant réagi particulièrement vite, en annonçant la décision de passer le responsable du visionnage des programmes musicaux devant le conseil de discipline. De nouvelles nominations ont même été proclamées dans la soirée du dimanche 6 novembre, alors même que la plupart des Tunisiens égorgeaient tranquillement leur mouton. Historique.

Mohamed Smida a ainsi été nommé chef de la programmation. Wafa Daoud occupera désormais le poste de «chef du service de visionnage et de contrôle des programmes». Et même la deuxième chaîne a été touchée par le tsunami, puisque Sadok Bouabène, y sera désormais le nouveau directeur des programmes. C’est dire que le lunatique Ben Gamra n’a pas porté chance à notre télé.

Le parcours de Faouzi Ben Gamra, est révélateur du cheminement de bon nombre de nos concitoyens. Le chanteur d’abord spécialiste des chansons populaires, on ne peut plus profanes, avant de passer à la «Borda».  A moins que les experts du mezoued, ne considèrent la fameuse chanson «Oum el sefsari» comme une ode au voile désormais à la mode. Or on conviendra cependant que ce soyeux tissus qu’arboraient nos mères, n’a qu’une lointaine parenté avec le hijeb qui avance, aujourd’hui, toutes voiles dehors. Il n’empêche : même dans sa version para-religieuse, Faouzi Ben Gamra a fait un carton, et s’est même produit sur la scène du Festival de Carthage en juillet 2011.

On notera que l’artiste a su cependant se replacer après la Révolution. Au niveau politique, Ben Gamra a d’abord été revendiqué comme adhérent par l’Alliance nationale pour la paix et le progrès (Anpp), un parti prônant un islamisme soft, fondé par Skander Rekik, un ingénieur formé aux Etats-Unis.

Mais les amitiés politiques du mzaoudi reconverti ne sont pas exclusives. Il animera, lors de la campagne électorale, les mariages sponsorisés d’un parti concurrent, Ennahdha. Des cérémonies censées faire d’une pierre de coup. Une action à la fois sociale et publicitaire, histoire de joindre l’utile à l’agréable, et d’aider des électeurs potentiels à accomplir décemment la moitié de leur religion, et d’agrandir ce faisant la Oumma de nouveaux rejetons.

Le responsable de la programmation à l’origine de la diffusion de la chanson et de la prière par qui le scandale est arrivée, a donc sans doute cru bien faire. Vous pensez bien, un chanteur adoubé par Ennahdha, c’est particulièrement indiqué la veille de l’Aïd, et vu le résultat des élections du 23 octobre. En clair, si Ben Gamra est assez bon pour Ennahdha, il ne pouvait être que le chanteur le plus indiqué pour une émission diffusée à la veille de cette importante fête religieuse.

Seulement voilà : les vœux de longue vie, de bonne santé souhaités à Ben Ali, ne sont plus du meilleur effet dans la Tunisie d’aujourd’hui. D’autant plus que la proximité du 7 novembre, dû au hasard et au chevauchement des calendriers rendait les Tunisiens particulièrement attentifs aux bourdes de ce genres. Or l’historique de nos artistes n’est pas nécessairement aussi étincelant que leur bonne étoile.

M.E.G

Faouzi Ben Gamra, des mariages d’Ennahdha au scandale télévisé
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