La militante féministe égyptienne Nawal Saâdaoui est qualifiée par le journal officiel d’Ennahdha, de «promotrice de la prostitution et l’homosexualité». Dans son édition de ce vendredi 15 mars, en page 10, l’hebdomadaire du parti au pouvoir ne trouve pas de mots assez durs pour dénigrer une femme que le président de la République, M. Moncef Marzouki, a pourtant reçue cérémonieusement au Palais de Carthage, à l’occasion de la Journée Mondiale de la Femme.
Et pour cause : Nawal Saâdaoui est une militante mondialement connue et reconnue. Médecin psychiatre et féministe, elle est emprisonnée en 1981 pour son opposition au régime du parti unique sous Anouar el-Sadate. Elle relatera d’ailleurs cet épisode dans livre «Mémoires de la prison des femmes».
Nawal el Saadawi a reçu de nombreuses distinctions, parmi lesquelles le prix du Conseil supérieur de littérature (1974), le prix littéraire de l’amitié franco-arabe (1982), ou le prix littéraire de Gubran (1988). En 2004, elle est lauréate du prix Nord-Sud du Conseil de l'Europe. Elle est faite docteur honoris causa de l'Université libre de Bruxelles le 28 novembre 2007.
Elle commencera à aborder ouvertement dans ses écrits des sujets brûlants dès les années 1970. Elle traitera ainsi des abus sexuels sur les enfants, et les différentes formes d’oppression des femmes… dont l’excision. Serait-ce ce point en particulier qui aurait été à l’origine de cet article insultant ?
Après le désaveu adressé à Habib Ellouz pour ses propos sur l’excision, le mouvement Ennahdha sera-t-il aujourd’hui acculé à désavouer son propre journal officiel ? A moins que ce ne soient ces propos tenus sur Mosaique FM, accusant le Qatar «de financer les courants islamistes radicaux pour perturber le processus démocratique et faire échouer les Révolutions en Tunisie et en Égypte», qui aient valus à Nawal Saâdaoui cet article indigne.
Soufia Ben Achour