Si les cibles des violences policières changent au fil des remaniements ministériels, on remarquera néanmoins une constante omniprésente : la répression continue de s’abattre sur les journalistes. La police dite «républicaine» continue donc de faire usage des mêmes arguments frappants.
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L'association Nationale des jeunes journalistes a dénoncé, l’agression de six journalistes par les forces de l’ordre ce vendredi 28 février 2014 lors du sit-in de la Ligue de Protection de la Révolution à la Kasbah à Tunis. L’association a condamné la répression policière, et réaffirmé dans un communiqué, son soutien aux journalistes désireux de poursuivre le ministère de l’Intérieur en justice. Les jeunes journalistes exhortent la présidence du gouvernement à ouvrir une enquête immédiate sur les abus et violations, lançant un appel à tous les organismes du secteur des médias à unir leurs forces pour défendre leurs collègues et œuvrer pour la prévention contre de telles agressions.
Voici les noms des six journalistes agressés par les forces de l’ordre cités dans le communiqué :
Khalil Klai, journaliste de la chaîne Al Moutawassat, relèvera, pour sa part, qu’il y avait du côté des forces de l’ordre, une «intention délibérée d’empêcher les journalistes de filmer pour empêcher la diffusion des images des violences policières menées sous les yeux d’officiers gradés».
A noter que le Syndicat National des Journalistes Tunisiens (SNJT) a également condamné, dans un communiqué diffusé vendredi, les agressions commises par les agents de sécurité contre les journalistes alors que ceux-ci accomplissaient leur devoir professionnel à la Kasbah. Le SNJT a affirmé refuser les prétextes invoqués pour justifier ces agressions, dont il fait porter la responsabilité au ministère de l’Intérieur.
Rien de bien nouveau puisque nos agents de sécurité s’étaient déjà illustrés, à plusieurs reprises, par les violences visant directement les journalistes. Ainsi, le 25 février 2012, des professionnels des médias ont été tabassés devant le ministère de l’Intérieur. Lors de la manifestation du 9 avril 2012, les agressions policières avaient atteint des sommets, et encore une fois des journalistes ont été dument matraqués. Sans même parler des diverses manifestations durant lesquels nos collègues ont essuyé les agressions sécuritaires, comme notamment en janvier 2012, devant le ministère de l’enseignement supérieur.
En définitive, les gouvernements au pouvoir en Tunisie ont beau se succéder, si les cibles des violences policières changent au fil des remaniements ministériels, on remarquera néanmoins une constante omniprésente : la répression continue de s’abattre sur les journalistes. La police dite «républicaine» continue donc de faire usage des mêmes arguments frappants que l’on croyait avoir définitivement abandonnés depuis l’avènement de la démocratie en Tunisie. La chute de Ben Ali n’a donc clairement pas entraîné une rupture avec les méthodes de la dictature.
Moez E.K