Nessma TV, le procès d’une «erreur»
Lundi, 23 Janvier 2012 12:28

nabil-karouiLe procès de la chaîne Nessma reprend aujourd’hui, le lundi 23 janvier. Les détracteurs de la chaîne sont venus en masse manifester devant le tribunal, en criant des slogans appelant à sa fermeture, et par la même occasion à «exécuter l’information», voire à «bloquer l’accès à internet», dans la foulée, pour faire bonne mesure.

Le procès a été reporté au 19 avril, et on est donc pas près de connaître le fin mot de l'histoire. L’affaire a commencé le 7 octobre 2011, le jour de la diffusion, (soit à deux semaines des élections de l’Assemblée Constituante), du film Persepolis, de la réalisatrice franco-iranienne, Marjane Satrapi. Le long-métrage de dessins animés a été doublé pour l’occasion en dialecte tunisien. Ce sont les séquences mettant en scène l’être divin qui ont été mises en cause par les avocats ayant porté plainte contre la chaîne télévisée privée. Nabil Karoui, Nadia Jamel, et Hédi Boughenim, responsable du service de visionnage sont ainsi accusés «d’atteinte aux bonnes mœurs, aux valeurs sacrées, et de troubles à l’ordre public». Pour rappel, des extrémistes ont attaqué le domicile du directeur de la chaîne, suite à la diffusion de ce film.

Le 11 octobre 2011, M. Karoui s’était excusé devant le peuple tunisien, et avait attribué l’erreur au responsable de visionnage de la chaîne, et avait même relevé, sur les ondes de Radio Monastir, qu’il n’aurait pas diffusé le film, s’il avait pris connaissances des séquences incriminées. En clair : Ghaltouh. «On» l’aurait induit en erreur.

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Photo du profil du journaliste et militant Ghassen Ben Khelifa

Mais pour le procès de ce lundi 23 janvier 2012, Nabil Karoui bénéficie du soutien de personnalités de gros calibre. L’ex-premier ministre provisoire, et accessoirement avocat, M. Caid Essebsi, (qui a dernièrement bénéficié d’un traitement médiatique «particulier» sur Nessma TV), est aujourd’hui venu la soutenir en robe d’avocat. Le président de l’Instance Supérieure Indépendante des Elections (ISIE), M. Kamel Jendoubi, et Iyadh Ben Achour Président de la Haute Instance pour la réalisation des objectifs de la Révolution ainsi que l’avocate et militante des droits de l’homme Radhia Nasraoui (épouse du leader du POCT, M. Hamma Hammami), Chokri Belaid, avocat, et figure de proue du Watad, sont venus marquer leur appui à ce qui est considéré comme l’un des plus importants «procès intentés à la liberté d’expression» en Tunisie.

Une pétition a circulé sur les réseaux sociaux appelant à soutenir la chaîne. On aura remarqué que si de nombreux internautes ont exprimé leur solidarité vis-à-vis de Nessma TV, beaucoup ont néanmoins tenu à marquer leur distance avec Nabil Karoui, et les programmes de sa chaîne. A noter que le procès intervient après des déclarations du gouvernement actuel, mettant en cause l’indépendance des médias, ce qui ne contribue pas à détendre l’atmosphère, alors même que la Tunisie traverse une grave période de turbulence. Et en attendant les regards du monde entier sont braqués sur ce procès, qui fait suite à une diffusion «par erreur» d’un film d’animation.

Moez El Kahlaoui

Nessma  TV, le procès d’une «erreur»
 

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