Jeudi, 01 Mars 2012 16:49

aymen-rezgui«Nous voulons que les journalistes tiennent leur rôle et nous voulons les aider à faire leur travail. Pourquoi n’ont-ils pas rapporté les dépassements de certains manifestants» ? Tel est le discours tenu le jeudi 1er mars par le ministre de l’Intérieur, M. Ali Laâridh, face à l’Assemblée Constituante.

Il souligne : «Nous avons ouvert une enquête sur les dépassements. Que celui qui a une preuve, ou un élément nous l’apporte. Nous voulons la vérité». En d’autres termes, et à en croire M. Laâridh, il n’y a à ce stade aucun élément formel prouvant l’existence de graves infractions.

Seulement voilà. Le Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT) a exprimé sa volonté de poursuivre en justice le ministre. Et voici que Reporters Sans Frontières, (RSF), l’organisme international dédié à la défense des droits des journalistes, présente justement des éléments détaillés sur les journalistes agressés par les policiers. RSF, qui peut désormais s’appuyer sur son bureau tunisien, a publié ce jeudi un communiqué énumérant les agressions subies le 25 février, par les hommes des médias, lors de la manifestation de l’UGTT.
 

Il apparait donc que pas moins de 6 journalistes ont été agressés par les policiers, et une cyberactiviste aura même le bras cassé. Voici les détails des agressions telles que rapportées par RSF :

  • Aymen Rezgui, membre de comité exécutif du SNJT, a été tabassé par les policiers. Il présente de nombreuses traces sur le corps, causées par les coups de matraque.
  • Zouhair Zouidi, d’Attariq Al-Jedid, a été frappé au dos et au visage par des policiers en uniforme et en civil devant le ministère de l’Intérieur, alors qu’il avait mis sa carte de presse en évidence.
  • Mouna Bouazizi, journaliste pour le quotidien Ech Chourouq, a été insultée et violemment bousculée par un policier alors qu’elle s’apprêtait à photographier les violences devant l’immeuble du groupe de presse Dar Al-Anwar. Mouna Bouaziz était en compagnie d’Ahlem Abdelli, journaliste de la radio Shems FM, qui a également été insultée par le policier.
  • Ali Jallali, reporter de Radio Kalima a été brutalement mis à terre par un policier qui l’a frappé à deux reprises avec une matraque, alors même qu’il portait un brassard "presse". Le policier lui a dit qu’il ferait mieux de filmer les manifestants qui s’en prenaient aux forces de l’ordre et non l’inverse.
  • Arwa Baraket, activiste sur Internet, était en train de filmer la manifestation. Elle a été rouée de coups par les policiers. Elle a eu le bras cassé.
  • Amin Ayachi, cadreur de la chaîne Nessma TV, s’est fait encercler et frapper par des policiers devant le centre Claridge sur l’avenue Bourguiba. Les forces de l’ordre ont endommagé l’objectif de sa caméra et exigé qu’il efface toutes les séquences qu’il venait de filmer, allant même jusqu’à convoquer un policier du service informatique.

Des témoignages particulièrement frappants, donc. A moins que nos autorités n’aillent jusqu’à remettre en cause le bienfondé et la neutralité de ce rapport présenté  par RSF. Or a priori l’organisation internationale n’a aucun intérêt à fausser les réalités. Devrait-elle les dépeindre en rose, pour ne pas déplaire à nos autorités ?

Lotfi Ben Cheikh

Ali Laâridh et l’agression des journalistes par les policiers
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