«Nous voulons que les journalistes tiennent leur rôle et nous voulons les aider à faire leur travail. Pourquoi n’ont-ils pas rapporté les dépassements de certains manifestants» ? Tel est le discours tenu le jeudi 1er mars par le ministre de l’Intérieur, M. Ali Laâridh, face à l’Assemblée Constituante.
Il souligne : «Nous avons ouvert une enquête sur les dépassements. Que celui qui a une preuve, ou un élément nous l’apporte. Nous voulons la vérité». En d’autres termes, et à en croire M. Laâridh, il n’y a à ce stade aucun élément formel prouvant l’existence de graves infractions.
Seulement voilà. Le Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT) a exprimé sa volonté de poursuivre en justice le ministre. Et voici que Reporters Sans Frontières, (RSF), l’organisme international dédié à la défense des droits des journalistes, présente justement des éléments détaillés sur les journalistes agressés par les policiers. RSF, qui peut désormais s’appuyer sur son bureau tunisien, a publié ce jeudi un communiqué énumérant les agressions subies le 25 février, par les hommes des médias, lors de la manifestation de l’UGTT.
Il apparait donc que pas moins de 6 journalistes ont été agressés par les policiers, et une cyberactiviste aura même le bras cassé. Voici les détails des agressions telles que rapportées par RSF :
Des témoignages particulièrement frappants, donc. A moins que nos autorités n’aillent jusqu’à remettre en cause le bienfondé et la neutralité de ce rapport présenté par RSF. Or a priori l’organisation internationale n’a aucun intérêt à fausser les réalités. Devrait-elle les dépeindre en rose, pour ne pas déplaire à nos autorités ?
Lotfi Ben Cheikh