Samedi, 11 Août 2012 06:00

journaliste tunisie«Les archives de la police politique restent inaccessibles, alors que leur ouverture est indispensable pour qu’on fasse toute la lumière sur les coupables des dépassements, des arrestations, qu’ont subis les journalistes sous la dictature. Face aux appels répétés de la profession, le ministère de l'Intérieur et le gouvernement gardent le silence».

C'est ce qu'a déclaré Slim Boukdhir, secrétaire général du Centre de Tunis pour la liberté de la presse, lors d’une conférence de presse tenue le vendredi 10 août. Il souligne : «ces dossiers doivent être ouverts, pour que les journalistes puissent disposer des documents nécessaires et pour traduire en justice les auteurs de ces abus».

Une question est revenue comme un leitmotiv lors de cette rencontre. Une question grave, mais à laquelle aucune réponse n’a été donnée jusqu’à l’heure actuelle : Qui a contribué à l’arrestation, l’emprisonnement, et, dans certains cas, à la torture des journalistes ? Qui a participé, par ces rapports, au bâillonnement de la liberté d’expression ?

slim-boukhdhirAinsi, l’objectif de cette conférence est d’appeler «le gouvernement à permettre la publication des archives de la police politique, pour identifier les coupables impliqués dans des affaires d'abus à l'encontre des journalistes sous l'ancien régime». Slim Boukhdhir rappelle : «le 28 octobre 2009 j’ai été kidnappé pour avoir remis en cause le résultat des élections. Or j’avais les yeux bandés, et je n’ai donc pas pu identifier ceux qui m’ont interrogé. Seuls les dossiers de la police politique au ministère de l’Intérieur, seraient en mesure de révéler les noms des responsables».

Le journaliste, ex-prisonnier politique, rappellera également que Lotfi Zitoun, conseiller auprès du gouvernement Jebali,  a déclaré «ne pas vouloir nuire à la réputation de pères de familles». Faut-il donc éviter de juger des criminels pour des «raisons familiales» ? Vous avez dit Justice ?

Sur la question des archives de la police politique, le président de la République, Moncef Marzouki, ne tient pas vraiment un discours différent. Il a affirmé en mai dernier, que «seuls les historiens devraient y avoir accès. Et seules les grandes lignes de leur contenu pourront être divulguées, pour nous permettre d’avoir une vision globale». Cette déclaration pour le moins surprenante, surtout venant de la part de l’un des chantres de la «mouhassba» (jugement), a été donnée en mai dernier, au cours d’une interview accordée au fondateur de Wikileaks, Julian Assange. Marzouki soulignera : «Il est parfois important de ne pas savoir, et même d’oublier, et de pardonner».

Mais les journalistes qui ont été censurés, emprisonnés, torturés, ne comptent pas en rester là. Mahmoud Dhaouadi, président du Centre de Tunis pour la liberté de la presse a rappelé qu’il est du «devoir du gouvernement d’ouvrir au public les archives de la police politique. Les journalistes ont le droit de savoir qui les a malmenés». A noter que des plaintes ont été déposées par plusieurs professionnels de l’information, et ces affaires sont actuellement examinées par les tribunaux».

En attendant, des flics notoires, des membres des milices médiatiques de Ben Ali, continuent de sévir dans les journaux gouvernementaux et privés. Et à cet égard, Révolution ou pas, rien n’a vraiment changé.

Moez E.K

Tunisie : Qui a torturé les journalistes ?
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