La chaîne «El Hiwar Ettounsi» qui s’est illustrée par son combat pour la liberté d’expression lors de la dictature de Ben Ali monte une nouvelle fois au créneau. Son directeur, M. Tahar Belhassine annonce «faire appel au soutien de ses téléspectateurs et de tous les Tunisiens pour déposer une plainte collective contre Hannibal TV».
Selon le journal en ligne Tunisie haut débit (THD), «plus de 838 personnes ont d’ores et déjà fourni le numéro de leur Carte d’Identité Nationale pour intégrer leur nom dans la plainte collective». M. Belhassine, dont le témoignage a été recueilli par THD, affirme «tabler sur 15 000 signatures». Et la campagne peut compter sur la caisse de résonnance des réseaux sociaux. Une vidéo présentée (ironiquement) comme la participation de la chaîne à la campagne «Ekbess» a ainsi été mise en ligne sur Facebook.
Tahar Belhassine y affirme que «cette plainte se base sur le rapport fourni par la commission nationale d'investigation sur les violences et les dépassements». Or le rapport précise qu’une chaîne privée avait diffusé de fausses nouvelles, contribuant ainsi à semer la terreur parmi la population et à gêner les forces de sécurité dans l’accomplissement de leur mission du 15 au 17 janvier. Le rapport n’a pourtant pas mentionné explicitement le nom de la chaîne impliquée.
Cependant, l’agence Tap avait fait état, dans une dépêche datée du 23 janvier 2011, de «l’arrestation du propriétaire de la chaîne, M. Larbi Nasra, et de son fils Mehdi». Les motifs invoqués à l’époque mentionnaient les accusations de «haute trahison» et de «complot contre la sécurité de l'Etat». La diffusion des programmes d’Hannibal TV a même été interrompue à cette époque. Mais le directeur d’Hannibal TV et son fils ont été relâchés le 24 janvier 2011, la diffusion a repris, et ce dossier a été manifestement refermé.
Quelques mois plus tard, en août 2011, la chaîne s’était illustrée par la diffusion de l’émission ramadanesque quotidienne d’Abdelafattah Mourou, en pleine campagne électorale, déclenchant le tollé de certains partis politiques, qui y voyaient une publicité déguisée au profit du mouvement Ennahdha. Les contempteurs d’Hannibal TV croient même, aujourd’hui, voir des signes de connivence entre la chaîne et le parti dominant.
Et voici que la chaîne El Hiwar Ettounsi, relance la polémique, alors même que le déroulement de la Révolution n’a pas encore révélé tous ses secrets. Une controverse qui intervient précisément dans un contexte marqué par la publication des sommes versées par l’Agence Tunisienne de Communication Extérieure (ATCE) aux médias. A un moment où une autre chaîne télé, Ettounissia, de Sami Fehri, est également pointée du doigt.
Soufia Ben Achour