Jeudi, 30 Août 2012 05:34

sami-fehri-prisonSami Fehri a déclaré, dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux dans la nuit du mercredi 29 août, qu’il se rendra à la justice le jeudi 30 août. Il précise que s’il ne s’est pas rendu jusqu’ici, c’est parce que «sa maladie et des crises de spasmophilie l’en ont empêché».

Le producteur télé précise cependant qu’il a été examiné par un médecin, et que son état de santé s’est amélioré. Fehri souligne également que son avocat lui a indiqué qu’il disposait de trois à quatre jours avant de se rendre, et qu’il a donc profité de ce délai pour mettre en ordre ses affaires.

Le producteur réfute la version selon laquelle il aurait décroché le pactole de 120 millions de dinars. Il souligne que selon les experts, le chiffre d’affaires global des dix dernières années de Cactus ne dépasserait pas les 22 millions de dinars. Mais précise au passage qu’il n’a même pas touché ces sommes.

On remarquera que la mise en scène de la vidéo diffusée est d’une simplicité extrême. Elle ressemble en cela à toutes ces vidéos amateurs que les internautes tunisiens mettent en ligne. On est très loin de la sophistication habituelle d’Ettounissia, ce qui accroit d’autant la proximité avec l’internaute, qui a l’impression d’être face au facebookeur lambda. En à peine quelques heures, la vidéo a enregistré des milliers de partages.

L’amalgame qui fait mouche
sami-fehri-prisonSami Fehri déclare que le seul acquis d’après le 14 janvier, est la liberté d’expression, or «elle est menacée», précise-t-il.  Il se permet même de glisser quelques allusions à la situation qui prévaut au sein de la télévision nationale, suite à la nomination d’Imen Bahroun, et aux derniers événements à Dar Assabah. Un amalgame qui propulse l’actionnaire de Cactus Prod au statut de héros de la liberté d’expression. Or ces cas sont-ils vraiment comparables à celui de Sami El Fehri ? Quel journaliste au sein de Dar Assabah est-il soupçonné de malversation ? En quoi ces techniciens, et rédacteurs mobilisés pour défendre l’indépendance de leur journal, leur unique gagne-pain, ressemblent-ils à Sami Fehri ? La polémique de la nomination de la directrice d’Al Watanya, si elle peut en effet être considérée sous l’angle de l’ingérence politique, a-t-elle une quelconque similarité avec les dossiers de Cactus ? Cependant, comment expliquer le défilé de ces ministres sur les plateaux de cette chaîne aujourd’hui clouée au pilori ? Comment justifier les lenteurs de la justice transitionnelle que des mauvaises langues qualifient d’ores et déjà de «transactionnelle» ?

Sami Fehri enfonce le clou. Lui, «qui a fait pleurer, rire, et distrait les Tunisiens, a été dépouillé de ses biens et va être séparé de sa famille pour une période indéterminée».  Sa voix étranglée par l’émotion nous ferait (presque) oublier que Sami Fehri est l’associé de Belhassen Trabelsi. Un personnage qu’il omettra consciencieusement de citer. Il préférera évoquer les hommages rendus par les chaînes françaises au défunt Jean-Luc Delarue, alors que lui a droit à si peu d’égards. Or la justice française nous apprendra qu’elle n’a jamais considéré les animateurs et producteurs de la télévision comme étant au dessus de la loi. Sans qu’aucune ONG ne crie pourtant à l’atteinte à la liberté d’expression.

Animateurs jugés et emprisonnés en France
delarue fehriJean-Luc Delarue a vu son émission «Toute une histoire» suspendue en 2010 après qu’il ait été arrêté dans le cadre d’une enquête pour trafic de stupéfiants. Et s’il a pu échapper à la justice, c’est parce que son procès, initialement prévu pour le 2 juillet, a été reporté à février 2013, à cause de sa maladie. Et cet animateur étoile cité par Sami Fehri, n’est pas le seul de la profession, à avoir eu maille à partir avec la justice, en France.

En 2010, Roland Courbis, animateur de la radio RMC, purgera un an de prison pour complicité d'abus de biens sociaux, recel d'abus de biens sociaux et complicité de faux en écritures. Pierre Bellanger, le fondateur et l’actuel PDG de la radio Skyrock, a été condamné à un an de prison ferme le 3 novembre 2008 pour «corruption de mineure». Patrick Sabatier, la star de la télévision française des années 80, a été condamné en septembre 1993, à 4 ans de prison avec sursis et 250 000 francs d'amende pour une fraude fiscale. En 1989, la chanteuse et animatrice de télévision Danièle Gilbert, passera sept jours en prison pour escroquerie et publicité mensongère.

Aucun de ces animateurs, journalistes, ou présentateurs, n’étaient les associés du beau-frère d’un dictateur qui a mis à sac la France. Ce qui ne les a pas mis à l’abri des tribunaux pour autant. Sachons donc raison garder. Au-delà de la campagne médiatique, et de toute tentative d'influence de l'opinon publique, c’est à la justice tunisienne et uniquement à elle, qu’incombe la responsabilité de déterminer si Sami Fehri est coupable ou innocent.

Moez El Kahlaoui

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Tunisie : Sami Fehri, héros de la liberté d’expression ?
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