Dimanche, 18 Septembre 2011 13:48

journaux tunisienLe Syndicat National des Journalistes Tunisiens (SNJT) a officiellement annoncé, samedi 17 septembre, que la «liste noire des journalistes», dont l’idée a été lancée durant le dernier congrès du SNJT, est en voie de se concrétiser. Une commission constituée de 10 journalistes, choisis parmi 22 candidats a été d’ores et déjà été créée.

La commission en question sera dirigée par des professionnels reconnus pour leur probité et leur intégrité.

Elle est dans un premier temps chargée de déterminer les critères d’élaboration de la liste des journalistes corrompus ayant trempé dans les magouilles du Rassemblement Constitutionnel Démocratique (RCD) et du régime de Ben Ali. Pour rappel, l’Agence Tunisienne de Communication Extérieure rémunérait grassement les Tunisiens et étrangers qui participaient aux efforts de propagande du régime déchu.  Mais voilà que le SNJT réaffirme sa volonté de séparer le bon grain de l’ivraie, en entamant des démarches en ce sens auprès de la commission nationale d'investigation sur la malversation et la corruption.

L’annonce du SNJT intervient trois jours à peine après le mouvement de protestation enregistré jeudi 15 septembre chez Dar El Anwar, l’une des plus importantes sociétés de presse tunisienne, éditrice notamment des quotidiens «Al Chourouk» et «Le Quotidien». La lutte des journalistes tunisiens semble donc être passée à la vitesse supérieure. Une urgente nécessité, dans un contexte marqué par le retour en force des hommes des médias de Ben Ali. M. Kamel Laabidi, président de l'Instance Nationale Indépendante pour la Réforme de l'Information et de la communication (INRIC) va jusqu’à affirmer que «les barons de la presse, les partisans de l'ancien régime mènent une campagne agressive pour préserver leurs intérêts».

Les trois organismes de défense du corps des journalistes, à savoir le SNJT, le Syndicat général de la culture et de l'information (liée à l'UGTT) et l’INRIC, ont fini par coordonner leurs efforts. Ils ont publié un communiqué commun, le mardi 13 septembre, pour remettre les pendules à l’heure et mettre en cause la police médiatique de Ben Ali, qui prétend encore imposer sa loi après le 14 janvier. Et ces derniers-jours, les témoignages fusent de toute part. On apprend ainsi notamment que Ben Ali ne faisait pas que torturer dans son ministère de l’intérieur. Le journaliste Fahem Boukaddous, condamné à quatre ans de prisons pour avoir couvert, en 2008 le soulèvement du bassin minier, en témoigne. Il cite des noms de collègues qui ont collaboré, renseigné, appuyé, les officiers de la police politique au sein même du ministère de l’avenue Habib Bourguiba.

Les journalistes  en question étaient ainsi chargés de surveiller leurs collègues, d’écrire des rapports sur leurs fréquentations et activités, bref un vrai travail d’indicateur dument rémunéré. Les taupes étaient ainsi injectées dans les rédactions en tant que supplétifs de la police politique du régime bananier de Ben Ali. Seulement voilà : après la Révolution, la profession a cru s’être débarrassée à bon compte des «journalistes-brabouzes» qui pullulaient dans la corporation. Huit mois après le 14 janvier, les journalistes de métier n’en finissent pas de déchanter. C’est pour toutes ces raisons que cette liste noire vient à point nommé.

Moez El Kahlaoui

La liste noire des journalistes tunisiens en cours d’élaboration
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