Vendredi, 09 Novembre 2012 14:00

corsaire-barbaresque-tunisLe fonds documentaire «La Course et les relations internationales de la Régence de Tunis aux XVIIIe et XIXe siècles», vient d'être inscrit au Registre Mémoire du Monde 2011 de l'Unesco, sur une proposition des Archives nationales de Tunisie (ANT)à l’organisation internationale, en 2010. Un trésor historique qui se penchera sur les exploits maritimes de nos corsaires.

M. Hatem Hattab, chef du service des activités culturelles et éducatives au sein des Archives nationales, (et dont les propos ont été repris par l’agence Tap), peut s’enorgueillir : «Les Archives nationales de Tunisie sont la première institution d'archive et la première institution à caractère culturel et historique au Maghreb à proposer l'inscription d'un patrimoine documentaire sur le Registre international du programme Mémoire du Monde de l'UNESCO».

corsaire-barbaresque-tunisLa «course» ? Il s’agit ici d’un terme désignant l’activité de nos corsaires qui écumaient la mer méditerranée. Une activité qui a connu son âge d’or sous le règne d’Hammouda Pacha (1782-1814). Nos corsaires embarquaient à bord de navires de tailles et de qualités diverses, désignés sous les noms de galiote, chébec, pinque, tartane, frégate,  polacre, kirlanguich… Avant d’appareiller des ports de Bizerte, de  La Goulette, de Sfax ou de Djerba. Dans son livre «Tunis : Histoire d’une ville» (éditions L’Harmattan), l’historien tunisien Paul Sebag citera également, le port de Porto Farina, «aménagé et fortifié sous le règne du dey Ustâ Murâd (1637-1640)», plus à l’abri de la «contre-course chrétienne».

Sebag souligne que «la course s’exerçait en principe à l’encontre des pays que la Régence de Tunis mettait au rang de ses ennemis, et avec lesquels elle se considérait comme en guerre : il s’agissait de l’Espagne et de ses dépendances Royaume de Naples et Royaume de Sicile), mais aussi des autres Etats de la péninsule italienne : République de Venise, Royaume de Sardaigne, République de Gêne, Grand-duché de Toscane, Etats de l’Eglise».   

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L’objectif étant de s’emparer des vaisseaux (et de leurs cargaisons) de ces pays. Un pourcentage des prises, constituées de biens matériels et de captifs européens était reversé au souverain de la Tunisie. A cet égard, dans un article publié dans les «Cahiers de la Méditerranée» en 2002, la chercheuse Maria Ghazali citera un document qui détaille même les prix de rachat des esclaves «Napolitains, Siciliens, Génois, Sardes, Maltais, Vénitiens, Russes et Impériaux», sous le règne de Hammouda Pacha. Les prises servaient aussi de monnaies d’échanges, de moyen de pression diplomatique.

C’est donc de ce sujet que traitent les documents rares de ce fonds précieusement conservé dans les archives nationales tunisiennes.  L’agence Tap précise, dans une dépêche publiée ce vendredi 9 novembre, que « ce fonds qui reflète pour l'essentiel l'activité de la Course et de la diplomatie de la Régence de Tunis, comprend des documents uniques, précis et exhaustifs des captifs européens, de leurs origines sociales et ethniques dans leurs pays d'origine, les biographies de certains d'entre eux, de leurs parcours professionnels voire politique durant leur captivité dans la Régence de Tunis». Parce que contrairement à l’Occident, il n’était pas rare, dans nos contrées, que les esclaves capturés grimpent la hiérarchie sociale au point d’occuper de hautes fonctions ministérielles ou diplomatiques.

Et ces documents, aussi rares que précieux, rédigés en arabe, mais aussi en turc osmanli, en français, italien, et anglais, attestent aussi de la brillance et de l’humanité de notre civilisation passée.

Moez El Kahlaoui

Quand nos corsaires capturaient des esclaves d’Europe
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