Mohamed Bouazizi : prophète en Egypte, mais pas en TunisieImprimer
Mardi, 23 Août 2011 02:04

mohamed bouaziziUn écrivain égyptien a consacré un roman à la geste de Mohamed Bouazizi. A la manière de celles que la mémoire a transmises à travers les siècles. Telles celles de Bouzid El Hilali, ou de Antar Ibnou Chaddad. L’auteur M. Oussama Habachi, ira plus loin dans l’audace métaphorique. Il osera titrer son ouvrage, «Messie sans Torah».

Le  livre est édité par «Dar El Yassamine». Ca ne s’invente pas. Il s’agit d’une maison d’édition cairote, comme son nom ne l’indique pas. Le descendant des Pharaons, le fils du Caire, cette «Mère du Monde» louangée, fera donc sienne la légende tunisienne.

Oussama Habachi nous fera plonger dans la réalité politique et fera télescoper l’histoire immédiate avec l’onirique. C’est que les littérateurs Arabes sont amateurs de réalisme magique depuis que le foisonnement des œuvres latino-américaines a enlacé nos rivages. Le roman nous fera ainsi voyager, en un chassé-croisé, entre le nord tunisien où vit une jeune fille, (le pivot de la narration), et le grand sud, où elle rencontrera Bouazizi. Un aller-retour qui démasquera au passage les clivages de classe et régionaux qui ont creusé le fossé entre les fils de la Tunisie. Un hommage rendu à notre pays et au symbole, Bouazizi.

Parce que Mohamed Bouazizi est un Jan Palach qui a réussi. Parce que son sacrifice n’a pas été vain, alors qu’en 1969, l’Europe et le monde ont assisté impuissants au martyr du jeune praguois et du Printemps de la Tchécoslovaquie. Et alors même que le flambeau de Sidi Bouzid a porté l’espoir jusqu’en Syrie, Bouazizi a été dénigré dans sa patrie. Parce que nul n’est prophète en son pays, et surtout pas en Tunisie. Que n’a-t-on pas dit, écrit de calomnies, sur l’icône de la Révolution Tunisienne. Sur cette étincelle qui a allumé le brasier de l’Holocauste des dictatures arabes. Mais qui donc voudrait médire sur la torche à jamais vivante, ce feu sacré qui a incendié les palais de nos roitelets ? Et si notre héros a eu ses faiblesses, ses désespérances, qui gagnerait à les voir exposer ? Qui, sinon ceux qui s’accrochent encore à leurs intérêts rescapés ?
Mais les peuples arabes se sont levés. Et ils rédigent en lettres de sang le testament de Bouazizi, ce Livre qu’il n’a pas écrit.

Walid Ben Sahbi

Mohamed Bouazizi : prophète en Egypte, mais pas en Tunisie