Mardi, 25 Octobre 2011 23:07

hechmi-hamdiLes vendeurs de yaourts peuvent se rhabiller. L’expérience a démontré leur incapacité à nous fourguer des hommes politiques fussent-ils en boîtes ou en pack de six. Les experts en marketing venus du froid n’ont pas su jouer sur les cordes sensibles de la tunisianité. Hechmi Hamdi l’a bien compris, lui.

Le verbe et la tête haute, avec cet accent caractéristique du sud qui fédère et rassemble quand l’air pincé et le doigt en l’air à l’anglaise ont un côté importé qui déconcerte.

Hechmi Hamdi a compris que rien ne vaut le mezoued pour faire passer les idées noires. N’en déplaise aux amateurs de musique savante, aux fous du malouf, et autres chanteurs d’opérettes allemandes. Hechmi Hamdi a réussi et a vite su quelles alliances secrètes il se devait de nouer pour assurer sa mise sur orbite satellitaire. L’artisan de la réussite électorale époustouflante de M. Hamdi n’est pas un conseiller importé de France ou d’Allemagne. Encore moins un qatari qui avance masqué. N’y voyez aucun trucage ou turquerie. Hechmi Hamdi n’a pas besoin d’appeler en renfort Erdogan puisqu’il a une arme imparable: la chanson de Rachid Gafsi.

Le slogan fédérateur, la formule qui fait mouche, la petite phrase qui rameutera des paquets d’électeurs convaincus, il en sera l’auteur. Celui qui martèlera avec une conviction peu commune, ces paroles à l’effet magique : «Ya Aridha Dezzi». C’est sans doute pour avoir été chantonnées, répétées, fredonnées par des milliers de nos citoyens, que ceux-ci ont fini par se convaincre de l’utilité de pousser encore plus en avant et dans les grandes largeurs, cette «Aridha» pétitionnaire.

Rachid Gafsi, artiste populaire et maître ès-cornemuse de bouc a su souffler et insuffler aux Tunisiens de nouveaux espoirs.  «Ya Aridha Dezzi», et vous vous soignerez gratis, serez trimballés de Sidi Bouzid à Tunis dans des bus à air conditionné sans aucune condition, et sans menace de rafle militaire dans les gares routières. «Ya Aridha Dezzi», et les chômeurs se verront pousser des ailes grâce au salaire de ministre qui leur sera versé sans bouger le petit doigt. Ali Baba disait «Sésame ouvre-toi». Aladin avait son génie bienfaisant coincé dans sa lampe merveilleuse pour réaliser ses vœux les plus secrets. Mais avec Hechmi Hamdi, nul besoin de sorcellerie abracadabrante pour cartonner et doubler les politiciens les plus chevronnés. Il y a d’abord la magie du petit écran, et cet hymne au progrès : «Ya aridha dezzi».

Toutefois, les Tunisiens ne savent pas ce qu’ils ont perdu. Ces élections auraient été infiniment plus riches en rebondissements si Larbi Nasra, Tarek Mekki, et Jalel Brick avaient également répondu à l’appel du devoir national. Le quatuor aurait été sans égal pour nous concocter à quatre mains une Constitution historique sur du papier à musique. «Ya aridha dezzini hani jitek», aurions-nous peut-être été tentés de rajouter en un élan aussi prétentieux que sacrilège. Mais gardons-nous des hypothèses, composons avec les faits.

Hechmi Hamdi aura le mérite de réunir tous les Tunisiens, alors que de nouvelles frontières prétendaient insidieusement s’installer. Qu’on se le dise : droite populaire islamisée et gauche bourgeoise occidentalisée sont également scandalisées par l’intrusion du premier candidat 100% parabolique, pour une politique télécommandée. Et rien de tel pour nous réconcilier, qu’une victime expiatoire, un bouc émissaire, à défaut d’un politicien moutonnier.

Marwene El Gabsi

La recette secrète du succès de Hechmi Hamdi
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