Jeudi, 17 Novembre 2011 19:18

yeux-niqabLes yeux, ce miroir de l’âme, peuvent à eux seuls allumer le brasier du désir, susciter des tendances incontrôlables de la part de l’Homme. Imaginez que de beaux yeux, les seuls visibles sous un chaste niqab, plongent dans les vôtres, comme un appel à la luxure, cette fleur vénéneuse du péché. Les beaux yeux, osons le dire, sont un appel à la damnation éternel.

Le regard langoureux de certaines, est à lui seul un appel à la dépravation. Heureusement que les gardiens ineffables de la morale wahhabite, ont su nous en préserver.

Il ne suffit pas de se couvrir les cheveux pour plaire aux gardiens de la morale. Et même en se cachant de la tête aux pieds sous la burqa ou le tchador, la féminité n’en finit pas de transparaître, dans certains cas, pour dégouliner sur la voie publique. C’est pour nous éviter les malencontreuses glissades, que les brigades saoudiennes de l’ordre moral, celles de la bienfaisance et de la lutte contre le péché nous pavent le chemin de leurs bonnes intentions.

Les femmes qui ont de beaux yeux sont appelées à les couvrir. Et dans ce cas casuistique, la burqa classique ne suffit pas, puisque les globes oculaires restent visibles, comme autant d’étoiles qui scintillent, encadrées de noire étole.  Il faut donc s’inspirer de ces purs puritains que sont les talibans. La burqa afghane est en effet bien particulière : même les yeux s’y abritent derrière un l’entrelacs grillagé du sombre tissu moiré. Autant dire que le pécher, même du regard, devient ainsi impossible. Paradisiaque.

Le débat a cours aujourd’hui même en Arabie Saoudite, le premier exportateur mondial du wahabisme. L’affaire est même passée devant les tribunaux. Un homme a été condamné à huit mois de prison, et à 300 coups de fouets. Et ce, après avoir été hospitalisé, puisqu’il a été religieusement tabassé par les brigades de défense de la Vertu et de la Répression du Vice. Il a été jugé coupable d’avoir refusé et pris à partie ceux qui exigeaient de lui, de mettre hors de portée du regard, les trop jolis yeux de sa femme, pourtant déjà couverte de noir, de la tête aux pieds. Il n’aurait pas dû résister.

L’affaire n’a pas été relayée par un suppôt occidental de l’athéisme, encore moins par l’un de ces chantres extrémistes de la laïcité qui sévissent encore (mais plus pour longtemps) en Tunisie. C’est le très panarabe et même islamisant journal palestinien «Al Quds» qui s’est permis, de publier cette information, pour l’exemple frappant. Faut-il pour autant fermer les yeux sur les dépassements, se boucher les oreilles pour éviter d’entendre les lapsus que d’aucuns jugeront révélateurs des ambitions cachées de notre Calife ? Honni soit qui mal y pense. En tout bien tout honneur, les hommes, les vrais, ne sont pas appelés à se bander les yeux, pour se voiler la face, et les réalités. Quitte à risquer des coups de fouet.

Marwene El Gabsi

300 coups de fouet pour les beaux yeux du Calife
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