Vendredi, 07 Juin 2013 21:03

rachid-ammarEn appelant publiquement au limogeage de Rachid Ammar, le chef d’Etat-major de l’armée tunisienne, Mohamed Abbou a lancé un véritable pavé dans la mare, qui n’a pas fini d’éclabousser les acteurs de notre théâtre d’ombre politique.

Surtout dans les circonstances actuelles, marquées par la mort de nos soldats, dans des conditions mystérieuses, au Chaâmbi, non loin de notre frontière avec l’Algérie. Faut-il pour autant en attribuer la responsabilité à la seule armée ?

Clairement non. Si les frontières de la Tunisie avec ses voisins sont poreuses, celles qui séparent l’idéologie salafiste djihadiste du passage à l’acte, le sont encore plus. Ceux qui suivent assidument les «enseignements» des cheikhs importés des médersas talibanes de Najd ou de Kandahar, peuvent à tout moment se décider de passer à l’action. La violence d’un discours, qui suscite des vocations, essaime en autant de bombes à retardement. Or à ce niveau, il n’est pas dans les prérogatives de l’armée d’interdire l’entrée de «cheikhs» pousse-au-crime sur le territoire national, et encore moins de contrôler les minbars de nos mosquées.

chaambi

Le problème, c’est que la confiance ne règne pas entre adversaires politiques. Quitte à ce que cette rivalité rejaillisse sur l’armée.  On se souviendra que l’opposition avait tenu mordicus à ce qu’Abdelkrim Zbidi garde son poste de ministre de la défense, avant que celui-ci ne finisse par démissionner en mars dernier, sous fond de tension avec les services de la présidence de la République. Et voici qu’aujourd’hui, c’est Rachid Ammar lui-même qui est visé.  

Mais la réaction ne s’est pas fait attendre. L’un des dirigeants de Nida Tounes, à savoir Mohsen Marzouk, répondra presque immédiatement à l’appel d’Abbou, en l’accusant en termes à peine voilés de vouloir faire le jeu d’Ennahdha. En clair, selon Marzouk, le limogeage de Rachid Ammar devrait permettre à Rached Ghannouchi et à son parti de contrôler une armée, dont le soutien n’était jusqu’ici  pas «garanti». Rachid Ammar est donc perçu par l’un des principaux partis de l’opposition, comme un rempart à la volonté de puissance d’Ennahdha.

mohamed-abbouOr, dans tous les pays démocratiques, faut-il le rappeler, le pouvoir est contrôlé par les civils, et ce sont les autorités élues par le peuple qui nomment les premiers responsables militaires, et, au besoin, les démettent de leurs fonctions. A ce titre, M. Abbou a donc parfaitement le droit d’émettre une opinion sur le rendement du général Ammar. D’autant plus que l’on peut trouver pour le moins «curieux» que nos forces armées, mêmes épuisées par un Etat d’urgence prolongé, ne puissent définitivement rétablir l’ordre au Chaâmbi. La mort accidentelle d’un soldat à cause de tirs amis, n’aura à cet égard pas contribué à apaiser les esprits. Et voici certains choisissent ce timing particulier, pour faire circuler sur les réseaux sociaux, des  versions inquiétantes de l’accident d’hélicoptère d’avril 2002, qui a conduit à la mort du très populaire général Abdelaziz Skik, le chef d’Etat-major de l’époque, en compagnie de douze officiers supérieurs. Et  malgré ses dénégations répétées, Dieu sait ce que l’on attribuera encore aux arcanes secrètes de la grande muette.

Mais peut-on pour autant appeler sans risques, dans ce contexte critique, à un changement à la tête de l’armée nationale ? Pour prendre de telles décisions, ne faudrait-il pas plutôt attendre les prochaines élections ?  Encore faut-il espérer qu’elles puissent réellement avoir lieu, dans des délais raisonnables, et se dérouler dans les meilleures conditions. Le cas échéant, avec ou sans Rachid Ammar, gare au casus belli.

Oualid Chine

Abbou et les arcanes secrètes de la Grande Muette
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