Mardi, 13 Mars 2012 15:44

saida-agrebiL’avocate de Saida Agrebi a rappelé, ce mardi 13 mars, que la «poursuite en justice pour détournements de fonds ne concerne que 10 mille dinars retirés par son fils, le 14 janvier 2011,  pour payer le personnel de l’Association des Mères de Tunisie». Pas même de quoi payer une voiture populaire.

De plus, si détournement il y a, il aurait été effectué pour la bonne cause, puisqu’il a permis de payer les employés. En somme, les Tunisiens découvriront le côté Robin des Bois de Mme Agrebi. En fait, s’il lui est arrivé de «détourner» des sommes «minimes», ce serait uniquement pour les distribuer aux pauvres, ou en tout cas aux moins favorisés qu’elle. Au niveau strictement juridique, il n’y aurait ainsi que ces maigres éléments pour l’incriminer. Et elle n’est pas la seule dans ce cas. Les Tunisiens ont assisté aux victoires répétés et retentissantes de certains barons du Benalisme devant les tribunaux. Leurs avocats ont systématiquement mis en avant la maigreur du dossier d’accusation.

C’est que le clan Ben Ali, ses courtisans, ses rabatteurs étaient au dessus des lois. Ils n’avaient pas besoin d’enfreindre le code pénal, ni même de le contourner, pour servir leurs intérêts en pompant les ressources des Tunisiens et de la Tunisie. Tout pouvait ainsi se faire dans le respect formel de la législation. En clair, si un homme d’affaires recevait des instructions verbales pour vendre sa production à un prix correspondant au tiers de sa valeur réelle, il s’exécutait. Il n’avait pas vraiment le choix, à moins qu’il ne se découvre une vocation d’opposant, ou de gladiateur, prêt à faire couler son sang dans une arène où il descendait perdant. Une opération qui ne laisse aucune trace, aucune preuve légale de l’infraction. Business as usual.

Des Tunisiens se sont ainsi associés au clan Ben Ali-Trabelsi, pour monter des entreprises très florissantes, dans les secteurs des transports, de la radio, de la télévision, du tourisme, de l’industrie… Une alliance des plus profitables. Les intermédiaires des Trabelsi, et des Ben Ali, et même leurs sous-fifres, n’avaient pas besoin d’enfreindre des lois faites à leur mesure. Une évidence, dans un pays où même la Constitution, la Loi Fondamentale de tout Etat qui se respecte, a été à plusieurs reprises revue, retouchée, caviardée, malaxée, remixée, pour répondre aux besoins de la dictature.

La Tunisie d’après la Révolution est un Etat de droit. Les autorités veulent donc juger les présumés coupables dans le strict respect des lois. Or dans le cas d’espèce, les dossiers juridiques incriminant les Trabelsi-Ben Ali et leurs partenaires sont maigres. Parce que les infractions sont en effet l’exception et non la règle.

Une reconnaissance du vol légal, en somme. Une arnaque avalisée par la loi. Un viol des consciences commis avec le consentement de la victime qui ne pouvait se plaindre de son tout-puissant agresseur. Et voici qu’aujourd’hui on nous demande de pardonner, de fermer les yeux sur ces égarements passés. Le cas échéant, on aura toujours la possibilité de boire l’eau de mer. «El Mouhassba», le fameux slogan pré-électoral, semble voir peu à peu son étoile décliner.

Or de trop nombreux agresseurs profitent aujourd’hui en toute légalité et dans l’impunité de leur fortune amassée grâce à l’appui des mafieux qui étaient au pouvoir. Les voici propulsés à la tête de ces entreprises, sans même devoir rendre compte à leurs ex-associés, enfuis au Canada, Qatar, et autre Arabie Saoudite. Ils étaient de simples hommes de paille, voici qu’ils ont gagné en substance et en prestance. La puissance acquise de certains en ferait même des épouvantails.

Les voici recyclés dans la prosodie révolutionnaire pour remercier les morts et les blessés du 14 janvier. Et il y a vraiment de quoi. Pour le coup, ils ne seront pas ingrats. Puisque ces morts leur ont permis de profiter du fruit de leurs relations sous la dictature, sans avoir aujourd’hui à les partager. Mieux : certains profitent de leur pouvoir financier, de leur force de frappe médiatique, pour monnayer aujourd’hui leur appui politique. Peut-on continuer à traiter ces cas sous un angle strictement juridique ? Vous avez dit justice transitionnelle ? Révolution ?

Oualid Chine

Saida Agrebi, dans la peau de Robin des Bois
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