Vendredi, 10 Août 2012 02:14

indigestion tunisieLe banquet organisé par Ennahdha dans un luxueux palace de Tunis le mercredi 8 août, où plus d’un millier de personnes ont été invitées, provoque la polémique. La facture du Golden Tulip circule sur les réseaux sociaux, et elle est plutôt salée.

A l’heure où nous écrivons ces lignes, nous ne pouvons encore être totalement sûrs de l’authenticité de ce document comptable que des petits malins ont mis en ligne. Toutefois, on n’imagine pas les tarifs des grand hôtels, très en deçà de la somme publiée. Et à ce stade, ce n’est pas nécessairement le plus important.

Cette facture a fait son apparition juste après le débat enflammé sur les mirobolants salaires des députés. Et au moment même où Sidi Bouzid s’est de nouveau révolté. Or les chiffres alignés ont de quoi choquer.

D’abord pour des raisons religieuses, puisque le gaspillage est peu compatible avec la frugalité dont doit faire preuve tout croyant, en ce mois sacré de Ramadan, en ces jours, où les Musulmans sont d’abord censés faire acte de solidarité. Or en l’occurrence, il ne s’agit pas vraiment de restaus du cœur, puisque les invités ont été triés sur le volet. Ces messieurs auraient pu être plus discrets. Maquiller cette fête aux allures de démonstration de force financière en débat politique. En un séminaire destiné à discuter en cercle fermé des 400 000 emplois par année, qu’ils étaient censés créer.

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Il aurait fallu servir une salade quelconque au petit peuple, pour qu'il ne puisse pas parler la bouche pleine. Quitte à s’offrir en catimini le gueuleton de l’année, pour arroser le «succès». Parce que les partis politiques qui exhibent ainsi leur puissance, les Tunisiens en ont soupé. Ils croyaient même en avoir terminé depuis un certain 14 janvier. Il ne faudra donc pas être surpris de les voir avaler de travers, quand on les appellera une nouvelle fois à boire l’eau de mer. Vous avez dit salée ?

Autant dire que ce banquet ne vient vraiment pas à point nommé. Surtout dans un contexte où aucune véritable réponse n’a été donnée aux revendications sociales d’avant le 14 janvier. Pis : les régions qui ont constitué le berceau de la Révolution Tunisienne se débattent aujourd’hui dans une situation aggravée par le manque d’eau, et une pauvreté endémique que les politiques libérales Nahdhaouies, ne parviennent manifestement pas à juguler. Dans ce contexte, la colère des affamés risquerait même de dévorer la légitimité de nos autorités. Faut-il que nos régions soient condamnées à jeûner pour l’éternité pendant que d’autres se partagent les baklawas au Maghrib?

Ennahdha risque finalement de payer ce dîner bien plus cher que prévu. Sur le menu de gala annoncé, les manifestations de Sidi Bouzid risquent de n’être qu’une petite entrée. Attention à l’indigestion quand sera servi le plat de résistance.

Oualid Chine

Tunisie : Facture salée pour le banquet  d’Ennahdha
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