Samedi, 18 Août 2012 04:31

drapeau-iranLe drapeau de l’Iran a été brûlé, le vendredi 17 août en Tunisie. Dans l’une des rues de la ville de Gabès. Le contexte ? Une rixe entre deux groupes religieux, l’un chiite, l’autre salafiste. Et il ne s’agit pas de la première fois depuis l’avènement de la Révolution, que les chiites, ou leur sympathisants, sont ainsi pris à partie en Tunisie. Pis : ces derniers jours, les agressions qui les visent explicitement se multiplient.

Le jeudi 16 août, c’est l’un des symboles de la résistance arabe au sionisme, Samir Kuntar, qui a dû sortir discrètement par la porte de derrière de la maison de jeunes de Bizerte,  pour éviter une attaque menée par des salafistes contre le «festival Al Aqsa» organisée en son honneur. M. Kuntar est le doyen des prisonniers libanais en Israël. Mais son penchant pour le Hezbollah a été jugé rédhibitoire par les extrémistes. Et si le combattant antisioniste a pu s’en sortir indemne, les organisateurs tunisiens de la fête auront moins de chance. Ils termineront leur soirée à l’hôpital.

Le mercredi 15 août, à Kairouan, la troupe iranienne, Mehrab, qui devait participer au spectacle de Lotfi Bouchnaq, dans le cadre du Festival international de musique sacrée et soufie, a dû rebrousser chemin. Un groupe salafiste a en effet empêché les Iraniens de se produire sur scène. Sous prétexte qu’ils sont chiites, justement.

Difficile d’attribuer cette succession d’événements au hasard. Les Chiites, leurs représentants, considérés comme hérétiques par la vulgate wahhabite, sont clairement visés dans notre pays. Pourtant, historiquement parlant, le chiisme n’est pas étranger à la Tunisie. Le califat Fatimide, qui avait pour capitale Mahdia, était chiite. Même si à l’époque, le calife tunisien était assez clairvoyant pour recruter ses principaux soutiens selon des critères de compétences, et non d’appartenance ethnique ou religieuse. Et ça lui a réussi. Puisque c’est bien la dynastie tunisienne chiite des Fatimides qui a fondé la «Mère du Monde», en bâtissant Le Caire, après avoir conquis l’Egypte.

Le Chiisme est donc un rite islamique qui a de profondes racines en terre tunisienne. Ce qui n’est pas le cas du salafisme, qui se repait du wahhabisme saoudien. En somme, dans notre pays, où l’écrasante majorité des citoyens sont Musulmans de rite Malékite, le chiisme serait, tout de même, pour des raisons historiques, plus proches de nos racines que le salafisme, un mouvement importé de création très récente, mais dont la rapide expansion a bénéficié  des chaînes satellitaires et des pétrodollars de Ryadh, et de Doha. Et malgré les apparences, et les prédications, il ne s’agit pas uniquement de religion, et encore moins de prescriptions du Saint Coran. Car après tout, le drapeau brûlé à Gabès, ne porte-t-il pas aussi, en son cœur, le nom d’Allah ?


Le nom d’Allah est sur la bande blanche. L’épée centrale symbolise le djihad, entouré de quatre croissants, emblèmes traditionnels de l’Islam. L’ensemble, formé par l’épée et les quatre croissants représente les cinq piliers de l'Islam.

Le rival régional de l’Arabie Saoudite, n’est autre que l’Iran, justement. Et des enjeux colossaux se cachent sous les barbes, les qamis et les niqab. Et les dessous ne sont pas très propres. Le nucléaire persan rend les Saoudiens plutôt fébriles. Au point de ne pas voir d’un mauvais œil son éventuelle destruction. Et peu importe, finalement, si les bombardiers chargés du sale boulot affichent la bannière américaine ou l’étoile de David. Peu importe si la cible visée est accessoirement l’une des dernières forteresses toujours debout face à Israël. Or qui d’autre, sinon le Hezbollah, et donc par ricochet l’Iran, peut se targuer de n’avoir jamais abdiqué face à Tel Aviv?

Dans ce contexte, on comprendra mieux pourquoi un silence assourdissant enveloppe la révolte chiite bahreïnie, alors que la contestation syrienne est surmédiatisée. Les jeunes Tunisiens qui ont été expédiés sur le chemin de Damas en ont payé le prix du sang. Croyant se battre face à un tyran, ils s’escrimeront, en réalité, à couper le bras de Téhéran. Et voici que l’échiquier s’étend à notre pays. Les pions sont désormais poussés en Tunisie. A Gabès, Bizerte, et Kairouan.

Oualid Chine

Tunisie : Le drapeau brûlé à Gabès porte aussi le nom d’Allah
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