Lundi, 24 Octobre 2011 19:38

chebbi-pdpLe Parti Démocratique Progressiste partait parmi les grands favoris des premières élections à l’aube de la Révolution. Le mouvement avait en effet une légitimité historique, un poids politique, une crédibilité de militant attestée par une résistance acharnée, pendant deux décennies. Comment ce parti a gaspillé en quelques semaines ce qu’il a mis 20 ans à consolider ?

Telle est la grande interrogation de ce scrutin, à laquelle nous tenterons d’apporter des éléments de réponse.

  1. Le PDP s’est montré trop conciliant avec les vestiges du RCD, alors que le peuple, encore marqué par l’épreuve de force révolutionnaire, revendiquait son exclusion, et des sanctions envers ses dirigeants.
     
  2. Le PDP a poussé bon nombre de ses militants historiques à la démission, préférant accorder son intérêt aux ralliés de la 25ème heure. De ce fait, il a perdu un réseau qui enserrait dans ses mailles les quatre coins de la République, pensant que les quelques hommes d’affaires ralliés à sa cause, pouvaient à eux seuls surcompenser les pertes. Ce faisant, il s’est trompé, dans son évaluation, sur le poids réel de chacun dans des élections libres et démocratiques. C’est que les gros billets des portefeuilles même bien garnis ne se convertissent pas nécessairement en bulletins de vote.
     
  3. Le PDP, en misant sur les forces de l’argent, en refusant de se soumettre à la transparence, comme l’a fait Ettakatol, qui a présenté une comptabilité détaillé aux électeurs, s’est mis au ban de la vie politique, sans pour autant bénéficier du capital de sympathie et de proximité d’Ennahdha, qui a su esquiver sans dommages la question, et surtout, à continuer à se baser sur les réseaux de ses militants historiques.
     
  4. Le PDP a voulu s’appuyer sur des agences de communication, et des journalistes, qui n’ont aucun contact avec les réalités de la Tunisie profonde. Or ce n’est pas dans les boîtes de pub, et encore moins à Paris, que l’on apprend à estimer les lames de fond qui dirigent en profondeur la société  tunisienne. En attestent ces affiches «présidentielles» le mettant en scène avec Maya Jribi : l’effet a tout simplement été dévastateur dans un pays où les citoyens ont fini par vomir d’autres mégaposters du même genre.
     
  5. En démarrant trop vite la course de la campagne électorale, le PDP a commis un faux départ qui s’est payé cash. En laissant trop tôt apparaître ses ambitions de leadership, le PDP a fait le jeu de ses adversaires qui ont pu aisément l’accuser d’arrivisme forcené, alors qu’ils ont (souvent) eux-mêmes les mêmes prétentions.

Le plus étonnant dans l’histoire de cette retentissante défaite, c’est que le PDP a agit en tout point, du 14 janvier au 23 octobre, en totale contradiction avec les valeurs et les principes qu’il a lui-même défendus et contribué à diffuser et même finalement à imposer dans le pays après une vingtaine d’années de militantisme et de combat politique sans concession.

En définitive, le véritable adversaire, celui qui s’est montré impitoyable et sans merci avec le PDP, n’est autre qu’Ahmed Néjib Chebbi lui-même, dans son costume post-révolutionnaire. Pour se consoler, il devrait tout de même remporter in extremis un siège pour la Constituante, en compagnie de Hechmi Hamdi, alors que des figures phares d’autres partis, de brillantes têtes de listes indépendantes seront absentes.

M.E.G

Les cinq erreurs mortelles du PDP
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