Vendredi, 21 Décembre 2012 13:30

ayoub-massoudiTribune. Ayoub Messaoudi passe de nouveau devant le Tribunal Militaire, le 26 décembre, à 9h du matin. Et malgré le jugement du 16 août, de fait, il est toujours interdit de voyage. Sa sœur, Hajer Messaoudi, lance ce cri du cœur, pour alerter l’opinion, et briser le silence qui entoure une affaire, alors que les médias semblent avoir d’autres priorités.

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Oui je suis la sœur d’Ayoub Messaoudi, ce jeune docteur ingénieur de 32 ans qui a tout sacrifié et tout laissé derrière lui, car il croyait pouvoir servir la Tunisie.  Oui, je suis fière d'avoir le même sang que celui qui coule dans les veines de cet homme qui souffre en silence, sans se l'avouer. Parce qu’Ayoub, n'aime pas parler de lui. Et d'ailleurs, en aurait-il le temps, lui qui passe de Sidi Bouzid, à Jebeniana, de Regueb, à Boumhal, de Menzel Bouzaïne, à Siliana ? D'ailleurs, alors que quelques jours à peines nous séparent de son procès, il est aujourd’hui à Saguiet Sidi Youssef.

Et alors que tous les médias sont focalisés sur l'affaire de Sami El Fehri, un silence de plomb entoure le procès d’Ayoub Massoudi, qui n’a toujours pas le droit de voyager, depuis le 16 août, malgré le jugement du tribunal. Ayoub n’a donc pas pu rejoindre sa femme et ses enfants.

Encore une brimade à l’égard d’un patriote qui, depuis son très jeune âge (19 ans en 1999), disait non à l’injustice et à l'oppression en Tunisie. Ce qui lui a coûté sa bourse d’études en France, supprimée par les autorités de Ben Ali, à cause de ses activités de résistant.

 Ayoub, c’est aussi un symbole de la Tunisie en marche. Celle qui a hissé ses fils grâce à l’éducation, et une volonté acharnée de progresser contre vents et marées. Ayoub est le fils d'un instituteur. Notre père, était aussi un militant à sa façon. Battant les campagnes du Kef contre la pauvreté et l'analphabétisme depuis 1961. Un maître d’école dont les filles balayaient les classes avec la concierge. Un instituteur qui écrivait sur le tableau noir le soir, pour consacrer le plus clair de son temps à ses explications, pour que ses élèves puissent mieux retenir les leçons. De pauvres élèves qui arrivaient à l'école après une marche d’une dizaine de kilomètres, entamée depuis leurs villages de Jezza, Garn Halfaya, Sidi Ahmed Essalah. Le maître leur offrait dans sa maison du lait chaud, des chaussettes et surtout beaucoup d'affection et de courage. C'est pour cela qu'il était adoré: cet homme mince et de petite taille était en fait un grand homme. Il refusait de donner même un seul papier de son bureau à ses propres enfants, qui étaient traités avec plus de sévérité que les autres élèves, excluant d’office l’idée même de favoritisme chez ces jeunes esprits en formation.

C'est dans cette atmosphère qu’Ayoub a été élevé. Ce jeune qui a laissé sa carrière, sa femme et ses deux enfants à côté pour se mettre au service de sa patrie. Ses vidéos dans les manifestations à Paris, témoignent de son courage et de son engagement bien avant le 14 janvier.

Et le voici déclaré coupable. Coupable de ne pas vouloir mentir, coupable d'avoir osé quitter le pouvoir, pour dénoncer la contre-révolution et la dictature. Coupable de défendre les appauvris, les opprimés, coupables de révéler les douloureuses vérités que la troïka inflige à notre beau pays, coupable de ne penses qu'à ses compatriotes, coupable de s'oublier quand il est question de la Tunisie et donc d'être toujours interdit de voyage, de ne pas pouvoir voir ses enfants depuis bientôt 6 mois! Que l’on m'explique de quoi il est coupable, que quelqu'un m'explique pourquoi ce silence!!

Que Dieu garde et préserve envers et contre tous, ces lions et ces lionnes qui se battent pour notre pays. Pour que la Tunisie reste belle, libre et digne. Gloire à nos martyrs et à nos blessés. Vive la Tunisie.

Hajer Messaoudi

Tunisie : Briser le silence sur l’affaire Messaoudi
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