Mercredi, 26 Décembre 2012 22:10

ayadiLes chances de voir accéder M. Abderraouf Ayadi, le leader du mouvement Wafa, au poste de ministre de la Justice se précisent. La base d’Ennahdha, mais aussi les dirigeants du plus haut niveau semblent accorder leur confiance à Ayadi.

Les autres membres de la Troïka, notamment le Congrès pour la République peuvent difficilement émettre des objections, quand on sait qu’Ayadi avait refusé, à l’issue des élections du 23 octobre, tout portefeuille ministériel autre que celui de la justice, quand il a été évincé par Noureddine Bhiri, avec les résultats que l’on connait.

Et voici que des proches d’Ayadi annoncent d’ores et déjà qu’un programme de réformes à engager sur une période de six à sept mois est déjà prêt. Ce délai suffira-t-il à prendre la mesure de l’ampleur de la tâche et de passer à l’exécution ? Peut-on réellement prétendre nettoyer les écuries d’Augias en un temps aussi court ? La tâche risque d’être particulièrement difficile. Sauf que l’engagement d’Ayadi et son ambition de réformer ce ministère très sensible, dans un contexte délicat, ne date pas d’aujourd’hui.

Or le mouvement Wafa prépare en ce moment son congrès pour la reddition des comptes, prévu pour le mois prochain, avec pour ambition l’ouverture des dossiers de la corruption. Des objectifs qu’Ayadi estime concordants avec son programme pour le ministère de la Justice. Ce qui, on l’imagine, en fait l’homme à abattre pour ceux qui ont, jusqu’ici, échappé aux filets de la loi. Et la campagne de dénigrement a déjà commencé. C’est que cette éventuelle nomination ne convient pas à tout le monde, vu la réputation d’inflexibilité d’un Abderraouf Ayadi, peu enclin au compromis.

Et comme si cela ne suffisait pas, voici que Naceur Brahmi, membre de l’instance constitutive de Wafa, précise que «le remaniement ministériel devrait avoir lieu dans deux semaines au plus tard. Et que les ministères de souveraineté ne sont pas à l'abri du remaniement». Et à en croire un dirigeant de ce même parti, il serait même possible, que Wafa se voit attribuer deux autres ministères, en plus du département de la Justice.

Reste maintenant à savoir si Ennahdha accordera toute la latitude nécessaire à Ayadi d’effectuer le travail qu’il s’est assigné. Si c’est vraiment le cas, cela devrait impliquer pour le parti de Ghannouchi l’acceptation d’un traitement plus radical vis-à-vis des dossiers restés en suspens, en totale rupture avec la démarche plutôt hésitante qui a caractérisé jusqu’ici les responsables Nahdhaouis.

Passablement discréditée par sa pusillanimité vis-à-vis des vestiges du RCD, ébranlée par l’avancée de Nida Tounes, toujours plus sollicitée par une base en rupture de ban, Ennahdha pourrait être tentée de faire un baroud d’honneur, avant les prochaines élections.

Mais en acceptant ce poste pour un délai aussi court, avec une aussi importante obligation de résultats, Ayadi fait un pari plutôt risqué. Mais l’homme, qui a été emprisonné pour son appartenance au mouvement de gauche «Perspective» sous Bourguiba, puis kidnappé et torturé par la police de Ben Ali, avant de refuser à deux reprises des fauteuils de ministre à l’ère de la Troïka, en a vu bien d’autres.

Moez El Kahlaoui

Tunisie : La justice et deux autres ministères à Wafa ?
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