Jeudi, 07 Février 2013 10:50

chokri-belaid-meurtreTribune. Que les tueurs avec leurs commanditaires sachent bien, les Tunisiens n’ont plus peur, ils ne se laisseront plus faire et sauront les remettre sur le droit chemin. Le seul aspect prometteur dans cette tragédie, c'est finalement le réveil de la classe politique et le sursaut du peuple tunisien. Par Ridha Ben Slama

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Ils se sont bouchés les oreilles ? Grisés par le vertige du pouvoir, un pouvoir qu’ils ne savent pas éthéré et volatile. Écoutez-donc en vous mortels, créatures incestueuses de la dictature ! Reconnaissez finalement votre arrogant égarement durant tous ces mois. Saurez-vous le faire après ce drame, ce forfait, cette tragédie dont vous êtes incontestablement responsables politiquement ? Rustres obstinés, êtes-vous capable de prendre conscience des dégâts que vous avez provoqués, du temps perdu à cause de vos ignobles manigances ? Vous avez semé la haine et la violence chez un peuple qui ne demande qu’à vivre pacifiquement dans la dignité.

chokribelaid-defiMais, ne jetons pas tous les forfaits du monde sur ces apprentis sorciers pour se croire déchargés. Dans le processus démoniaque qui a conduit à l’assassinat de Chokri Belaid, nombreux ont leur part : les uns par volonté, ce sont ceux du parti dit « majoritaire », gueules avides de forbans, égoïsme sceptique de veules gouvernants ; les autres par faiblesse qui n’est pas la moins blâmable. Une certaine apathie coupable de la classe politique doit être soulignée devant les périls qui se profilaient, et ce ne sont pas les vociférations sur les plateaux de télévision qui vont les absoudre ou les gesticulations pathétiques sur les bancs du palais du Bardo. La décision de suspendre toute participation aux travaux de cette assemblée constituante désormais « croupion » aurait dû être prise dès les prémisses de la déviation pour contraindre les intrigants à cesser leurs intrigues si flagrantes et remettre les pendules à l’heure de la transition.

Depuis des mois on voyait bouger les tentacules de la bête immonde. Les assassins, en tuant Chokri Belaid, visaient à travers sa personne les valeurs pour lesquelles la révolution a été déclenchée. Il y a aussi la timidité politique d’honnêtes gens atteints d’une peureuse servilité et d’un fatalisme hébété de pauvres brebis… Que chacun voit sa faute et tâche de la réparer !

Un quarteron de politicards au sein du parti Ennahdha n’a cessé de discourir insolemment, lançant anathèmes et fatwas au nom d’une incongruité théologique régurgitée voilà deux siècles et demi environ, échappée droit de cervelles altérées. Cette poignée personnifie une fusion des instincts les plus vils, vieux fond ancestral de sauvagerie illuminée et carnassière, chargée de toutes les déraisons. Ils sont tels des coups de vent putréfié venus de l’abysse, des forces aveugles échappées du fond fumant de l’animalité pour démolir et se détruire soi-même. Avec leur culte déformé, ils cherchent l’assouvissement maladif de rancunes supposées, par la souffrance des autres. Ils n’ont aucun droit d’entrainer leur parti sur cette voie aventureuse. Il est temps que les plus sensés leur disent qu’ils ne représentent rien qu’eux-mêmes.

Maintenant, la machine à broyer va-t-elle se mettre en marche ? Vampires-bigots, le sang est tiré, il faut le boire. Soûlez-vous, wahhabite ! Le sang a coulé, l’argent qui sent le pétrole coule encore ! Mais quand vous serez gorgés, et quand, la sérénité revenue, sur dix millions de cadavres, vous cuverez votre ivresse abjecte !

Que les tueurs avec leurs commanditaires sachent bien, les Tunisiens n’ont plus peur, ils ne se laisseront plus faire et sauront les remettre sur le droit chemin. Le seul aspect prometteur dans cette tragédie, c'est finalement le réveil de la classe politique et le sursaut du peuple tunisien.

Allons d’abord au plus pressé : remettre la transition « démocratique » sur les rails convenablement et se délivrer de cet écheveau inextricable dans lequel nous ont plongé quelques parvenus agglutinés comme une nuée de parasites.

L'Etat doit défendre la légalité et protéger les Citoyens Tunisiens quel que soit leur rang. Pour le reste, il faut savoir s'opposer à la barbarie par les moyens pacifiques et légaux.

Certes, le deuil frappe la grande famille tunisienne ! Il faut que dans la douleur, dans la mort de Chokri Belaid, les Tunisiens prennent conscience de leur unité profonde ; que cette unité brise les barrières les plus épaisses de quelques égoïsmes. Si par malheur cela ne se faisait pas, si ce soulèvement immense n’a pas pour premier fruit une régénération de l’espoir, alors adieu, Tunisie, reine de nos pensées.

Ridha Ben Slama

Auteur de

  • Libertés fondamentales et mode de corruption des systèmes- Editions Thélès- France – février 2010.
  • Le Songe Massyle, Roman historique, TheBookEdition, janvier 2011.

Du même auteur sur Mag14:

La Tunisie au temps des assassins
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