Lundi, 11 Février 2013 13:21

cpr-bp-tunisieLes trois ministres et deux secrétaires d’Etat issus du Congrès Pour la République ne démissionnent plus. C’est Mohamed Abbou, le secrétaire général du CPR, qui l’a affirmé lors d’une conférence de presse tenue dans la matinée de ce lundi 11 février, à l’Africa.

A noter que la conférence en question, qui devait se tenir initialement au siège du parti, a été retardée à deux reprises. En voici donc le résultat : l’ultimatum de la démission a été repoussé, pour une semaine supplémentaire.

Autant dire que cette dérobade a été fraichement accueillie par le public. D’autant plus que le bureau exécutif d’Ennahdha vient justement d’annoncer ce lundi son refus de l'initiative de Hamadi Jebali, le chef du gouvernement et secrétaire général d'Ennahdha, qui a annoncé mercredi dernier son intention de former un gouvernement de compétences nationales.

Pourtant, le président du conseil national du CPR Chokri Yacoub, avait bel et bien affirmé, le dimanche à l'agence Tap, que son parti allait officiellement annoncer, ce lundi, le retrait de ses ministres du gouvernement actuel. L’explication officielle d’un tel revirement? Ennahdha aurait répondu à toutes les exigences du CPR, à l’issue d’une réunion tenue dans la soirée d’hier.  

abbouEn clair, si Ettakatol a paru ruer quelque peu dans les brancards en soutenant Jebali, le CPR, lui, semble préférer finalement le compromis avec le parti de Ghannouchi. Et peu importe si le président de la République, Moncef Marzouki lui-même, a officiellement appelé de ses vœux, la constitution d’un gouvernement restreint, pour faire face à la situation de crise que vit la Tunisie. Ce qui avait d’ailleurs provoqué la colère d’Ennahdha. Mais voici que finalement, cette initiative est jetée aux orties, quand Jebali la choisit. Ce dernier esquissera d’ailleurs un sourire à l’ironie lourde de sens, en une allusion à peine voilée aux déclarations (contorsions ?) du conseiller à la présidence de la République, M. Adnane Mannser. Les plus sceptiques se posent désormais ouvertement la question : les ministres CPR seraient-ils plus Nahdhaouis que Hamadi Jebali ?

Ironie de l’histoire, nous apprenons ce jour-même, la démission du Pape. Ce qui provoquera une avalanche de sarcasmes sur le même thème, produit de l’imagination fertile de nos internautes décidément inspirés. Les mauvaises langues se sont même interrogées si, au cours de cette conférence de presse, Al Jazeera allait, cette fois aussi, remplacer la bande-son, par un enregistrement de responsables Nahdhaouis. Toute allusion à des faits récents ne peut être que fortuite. Et si sous d’autres cieux, «un ministre ça démissionne ou ça ferme sa gueule», chez nous, les ministres préfèrent clairement s’accrocher, quitte à se la fermer.

Sauf que cette couleuvre sera particulièrement dure à avaler par les quelques sympathisants demeurés attachés au CPR, un mouvement plus que jamais malmené par les événements, et la versatilité de ses dirigeants.

Soufia Ben Achour

Tunisie : Ministres CPR plus Nahdhaouis que Jebali ?
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