Samedi, 23 Février 2013 17:18

samir-dilouDécidément, Samir Dilou n’a pas fini de se distinguer du lot commun de ses camarades. Et alors que les déclarations députés de l’Assemblée Nationale Constituante virent au tragicomique, voici que l’ex-porte-parole du gouvernement Jebali en vient à remettre en cause le travail de nos parlementaires.

M. Samir Dilou, dont les propos ont été rapportés par la Tap, a ainsi affirmé, qu'il aurait été «possible de charger un collectif d'experts et de professeurs de droit constitutionnel de l'élaboration, dans un délai ne dépassant pas une quinzaine de jours». Mieux : selon lui, la Constitution ainsi obtenue, aurait été «plus maîtrisée au plan juridique». Il est clair qu’entre les rodomontades d’Ibrahim Gassas, et les foucades de Sonia Toumia, les Tunisiens sont en droit d’émettre quelques doutes sur l’avancement de la Constitution en question.

Lors de la conférence organisée ce samedi 23 février à Tunis, sous l’égide du Centre d'études sur l'Islam et la démocratie (CEID) sur «le dialogue national autour de la Constitution», M. Dilou semble avoir tranché sur la question :

samir-dilou«Il n'est plus question de poursuivre le cheminement actuel dans la rédaction de la Constitution», a-t-il souligné, ajoutant que «les forces politiques, Ennahdha en tête, sont aujourd'hui appelées à se mettre d'accord sur le régime politique de la Tunisie, dans les plus brefs délais, et à faire des droits universels le référentiel fondamental de la nouvelle Constitution». En plus clair : Samir Dilou appelle à ce que les principes universels des Droits de l’Homme soient plus explicitement mentionnés dans la Constitution en cours d’élaboration. Or il n’est pas sûr que les Sadok Chourou, Ellouz, et consorts, soient souhaitent entendre ces remarques, quelque peu dissonantes dans le contexte d’Ennahdha.

Mais Dilou revient en force, après avoir pris du recul. Il s’est fait rare dans les médias, après l’affaire des éborgnés de Siliana, où il s’est distingué par une (malheureuse) déclaration énonçant doctement «qu’aucun manifestant n’a perdu la vue des deux yeux». Pas très compatible, en effet, avec les droits de l’Homme… Il n’empêche. Difficile d’être en désaccord avec ce qu’il a affirmé ce samedi. Lors de cette conférence concoctée par l’organisation du tuniso-américain Radhwane Masmoudi, Dilou martèle :

«les politiques ont échoué sur le plan méthodologique, en promettant au peuple de réaliser le progrès dans tous les domaines, au lieu de s'en tenir à la franchise et à la sincérité». Il se permet même une digression, ouvrant de nouveaux horizons bienvenus dans l’actuelle impasse dans laquelle se débat la Tunisie. Il avance ainsi que «les défis actuels ne portent pas tellement sur la formation d'un gouvernement ou l'élaboration d'une constitution, mais sont plutôt liés à la mise en place d'une culture sociale et politique fondée sur les principes du "vivre ensemble", du respect mutuel, de l'acceptation de la différence et de la consolidation de la légitimité électorale grâce à une légitimité consensuelle qui préserve l'avenir du pays». Reste maintenant à savoir si ces bonnes paroles seront vraiment écoutées, dans un contexte où l’on découvre des caches d’armes de guerre à un rythme quotidien, et après un assassinat politique qui a endeuillé la Tunisie.

Soufia Ben Achour

Dilou : «Des experts auraient rédigé la Constitution en quinze jours»
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