Ennahdha marque un point
Jeudi, 12 Janvier 2012 00:01

ennahdha manifestationLes partisans d’Ennahdha s’impatientaient. Certains commençaient  déjà à critiquer ouvertement un parti finalement si conciliant avec des figures notoires du régime de Ben Ali. Et voici que le ministre de l’Intérieur, M. Ali Laâridh, annonce, le 10 janvier, sa décision de démettre Moncef Laajimi de ses responsabilités, à la tête des unités d’intervention.

La mobilisation de soutien qui a eu lieu en ce mercredi 11 janvier devant le sinistre bâtiment de l’avenue Bourguiba atteste de ce regain de ferveur. Sans même parler de l’explosion de joie, dans les familles des martyrs, du côté de Thala.

On aura remarqué que les supporters du mouvement d’inspiration islamique étaient nombreux à faire percevoir leur déception, par moult commentaires, caricatures, et même des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux. Les dernières nominations calamiteuses du gouvernement Jebali, remettant en selle des laudateurs patentés de Zaba à la tête des entreprises de presse publiques, ont contribué à brouiller les cartes et l’image d’un parti déjà malmené par l’actualité. Une posture d’autant plus inconfortable,  qu’une bonne part de son électorat l’a choisi parce qu’on lui a prêté, à tort ou à raison, l’intention de rompre avec les pratiques benalistes. Même si paradoxalement, Ennahdha a été plutôt avare en déclarations en ce sens, contrairement à des mouvements comme le Congrès Pour la République, ou le Parti Ouvrier Communiste Tunisien. Mais voici qu’Ennahdha reprend la main. Grâce à l’action d’Ali Laâridh, un ex-prisonnier politique, qui se retrouve à la tête de ses ex-geôliers.

ali-laaridh

Le plus surprenant, c’est le traitement de l’information concernant  «l’appel à d’autres fonctions» d’un officier accusé d’avoir participé aux massacres de Thala et de Kasserine. Certes, sa culpabilité n’est pas prouvée. Et c’est au tribunal, devant lequel il comparait d’en décider. Mais dans tout Etat de droit, dans toutes les démocraties respectables du monde, un officier qui passe devant les tribunaux est suspendu de ses fonctions exécutives, jusqu’à ce que la justice décide de son sort. Mais voici que la désinformation a fusé de toute part, pour envenimer une situation déjà bien assez compliquée. Ainsi, certains sont allés jusqu’à publier des articles annonçant qu’en fait, Moncef Laâjimi allait bénéficier d’une promotion. Difficile de ne pas voir dans ce genre d’actes une tentative de discréditer, par n’importe quel moyen, la décision ministérielle, et a fortiori, le parti Ennahdha.

Surtout qu’en Tunisie, quasiment personne ne doute de la nécessité de l’épuration du ministère de l’Intérieur de ses éléments les plus impliqués dans les pratiques répressives et corruptrices de l’ère de Ben Ali. Comment donc expliquer les positions pour le moins mitigées vis-à-vis d’un assainissement considéré comme prioritaire par la majorité des Tunisiens ? Et même si l’on peut diverger sur la méthode employée, le nettoyage de l’institution sécuritaire des vestiges du benalisme n’est-il pas l’un des buts de la Révolution ?

Mais alors, quels résultats attendre de manœuvres dilatoires, d’articles diffamatoires, et même, dans certains cas, de l’intoxication délibérée de l’opinion publique ? Les Tunisiens ont pu voir ce que ces campagnes ont eu comme résultat, le 23 octobre. Auraient-ils pour objectif de «victimiser» encore plus ce mouvement, au point d’en faire un martyr politique, appelé, de ce fait, à récolter de nouveaux lauriers électoraux ?

S’il ne faut certainement pas absoudre Ennahdha de ses faux pas, la diabolisation n’est assurément pas une solution. En attendant, l’opération du 10 janvier a permis à Ali Laâridh, et à Ennahdha, de marquer un point. Les semaines qui suivent révèleront s’il s’agit du but décisif.

Moez El Kahlaoui

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