Et les photomontages des supporters d’Ennahdha ? |
Jeudi, 19 Janvier 2012 00:30 |
La vidéo mettant en scène Ali Laâridh, l’actuel ministre de l’Intérieur, et diffusée le mercredi 18 janvier sur les réseaux sociaux a soulevé un tollé sans précédent. Les Tunisiens de droite ou de gauche, laïcs ou religieux, nationaliste ou communiste, ont rejeté en bloc ce montage pornographique répugnant, réalisé par les services de Ben Ali en 1990 pour discréditer un militant politique. Le Parti Démocrate Progressiste (PDP), le Parti Ouvrier Communiste Tunisien (POCT), Afeq Tounes, le Pôle Démocratique Moderniste (PDM), le mouvement Doustourna… ont été unanimes. Ils ont tous publié en ce même jour du 18 janvier, des communiqués condamnant fermement la publication et la diffusion de ces purs produits des régimes totalitaires. Ainsi, les modernistes et autres progressistes vilipendés par les supporters d’Ennahdha auront au moins eu l’élégance de condamner les répugnantes réalisations de l’Etat policier de Ben Ali. Serait-ce le signal d’une nouvelle prise de conscience, d’un rejet de ces pratiques qui ont pourtant perduré jusqu’aux élections du 23 octobre, même si elles n’ont pas atteint le même degré dans l’abjection ? Le combat d’idées, la polémique, sont censés s’élever au dessus de l’insulte, et de la menace. Or des journalistes, des animateurs télé qui ne partagent pas nécessairement les mêmes idées que l’actuelle majorité sont descendus en flamme dans les termes les plus dégradants sur les pages des réseaux Nahdhaouis. Avant les élections de l’Assemblée Constituante, une agression a visé un réalisateur de cinéma comme Nouri Bouzid, et n’a été que bien tardivement, et mollement condamnée. Jawhar Ben Mbarek a reçu des coupures de presse laissant entendre qu’il allait être tué. Une campagne est dirigée contre Haythem El Mekki, le qualifiant de mécréant, et dans un tel contexte, on sait ce que cela peut signifier. Et on ne compte plus les photomontages le mettant en cause. Quant à Hamma Hammami, le leader du POCT que les Nahdhaouis considéraient avec respect avant les élections, il est aujourd’hui carrément accusé de brûler le pays (pas moins). Et rares sont les condamnations de ces appels à la violence à avoir été formellement émises par Ennahdha et ses militants. Or si ces tensions extrêmes persistent, le fossé de l’incompréhension risque de se creuser davantage entre les deux camps. Et certaines parties pas vraiment désintéressées peuvent vouloir monter les uns contre les autres, en mettant à jour, en cas de besoin, de nouveaux vrais-faux documents compromettants, de nouvelles images peu ragoutantes. Certains vestiges de l’ancien régime risquent d’attiser les braises de la sédition. Que cette vidéo calamiteuse nous serve au moins de leçon. Et souhaitons que les Tunisiens puissent un jour s’écouter calmement. La démocratie est à ce prix. Et n’est-elle pas l’objectif ultime de la Révolution ? Soufia Ben Achour Facebook Social Comments |