Députés tunisiens agressés : la liste de la honte |
Lundi, 16 Avril 2012 15:55 |
Les actes de violence commis à l’encontre de députés du peuple se multiplient en Tunisie. Nos élus à l’Assemblée Constituante se font malmener par des citoyens du camp politique adverse, matraquer par la police, sans même parler des insultes qui fusent parfois entre élus. On notera pourtant que la violence n’est pas le monopole d’un camp politique. A des degrés divers, on s’apercevra que le métier de parlementaire n’est pas de tout repos et expose son homme à la violence physique, et à tout genre d’agression. Maya Jribi a failli se faire lyncher dimanche 15 avril, par une foule particulièrement remontée, à Radès. La députée a été bousculée, insultée, et la situation aurait gravement dégénéré si l’élue du Parti Démocratique Progressiste n’était pas à proximité de son véhicule. Elle a finalement pu se dégager in extremis. Lors de la manifestation du 9 avril, Khemais Ksila, démissionnaire d’Ettakatol a été agressé verbalement par une dizaine de personnes dont certains ont été identifiés comme faisant partie d’une «milice». Ce même jour, Brahim El Gassas, député à l’Assemblée nationale Constituante, au nom de la Pétition populaire (Al Aridha Chaabia), a dénoncé son agression par la police, au cœur de Tunis. Et au cours de ce lundi noir, une femme, Selma Baccar, députée du Pôle Démocratique Moderniste a été blessée. En mars dernier, c’est le député le plus âgé de l’Assemblée Constituante, M. Tahar Hamila, un élu du Congrès pour la République (CPR), a été agressé verbalement et bousculé par une femme, qui l’a qualifié de corrompu, devant le siège de l’hémicycle, au Bardo. Le samedi 25 février 2012, le député d’Ennahdha, M. Ahmed Mechergui, a été menacé de mort lors d’une réunion politique à Boussalem, du côté de Jendouba. L’élu nahdhaoui a même affirmé avoir échappé à une tentative d’assassinat à l’arme blanche. Souad Abderrahim, l’une des têtes de liste d’Ennahdha aux élections du 23 octobre, a été agressée, le mardi 22 novembre 2011 sur le seuil de l’Assemblée constituante. Elle a été prise à partie des femmes qui l’ont même frappée. Et un homme s’est permis de lui tirer les cheveux. Une litanie d’événements lamentables, une liste non exhaustive de la honte qui ne renvoie guère l’image d’une vie politique digne d’un pays civilisé. Pis : certains responsables ne craignent pas de lancer publiquement des appels au meurtre visant explicitement des personnalités politique. Le cas de l’ex-premier ministre Béji Caid Essebsi est à cet égard révélateur de dérapages de plus en plus dangereux. Peut-on rêver d’un dialogue apaisé, d’un débat qui ne s’enflamme pas à coups d’arguments massues aussi contondants que frappants ? Ou faut-il se résoudre à voir la société tunisienne s’enfoncer dans cette spirale violente ? En Tunisie, la démocratie rimerait-elle avec sauvagerie? Moez El Kahlaoui Facebook Social Comments Box for Joomla |