Le prestigieux magazine américain «Time» vient de classer, ce mercredi 18 avril, le président du mouvement Ennahdha, Rached Ghannouchi, parmi les 100 personnalités les plus influentes au monde. «Des hommes qui nous inspirent, nous divertissent, nous lancent un défi, et qui changent notre monde» souligne le très sérieux hebdomadaire US.

C’est donc sur ces critères que ces personnalités de tout premier plan, et ce, au niveau international, ont été choisies. Ainsi, Ghannouchi est-il considéré par le «Time» comme un homme qui a prouvé «qu’il est possible qu’un parti politique défende une vision modérée, et moderne, tout en étant  enraciné dans la foi islamique». Le «Time» va même plus loin en soulignant que «Rached Ghannouchi a créé un modèle que d’autres partis islamiques à travers le monde peuvent être tentés de copier». Autant dire que le magazine américain ne tarit pas d’éloges sur une personnalité qui attise les passions les plus contradictoires, en Tunisie.

Et voici que le cheikh tunisien, à une époque condamné à mort par le régime de Bourguiba, se retrouve dans une liste qui contient des noms tels que ceux du milliardaire philanthrope Warren Buffet, du président américain Barack Obama, des ministres turcs de la stature d’Ahmet Davutoglu, le diplomate qui a théorisé l’émergence des néo-ottomans, et Ali Babacan, l’architecte du décollage économique de la Sublime Porte.

Mais le Top 100 mondial du «Time» contient également des noms issus du star system, tel celui de la chanteuse Rihanna. Le caricaturiste et résistant syrien Ali Farzat y a aussi sa place, pour avoir contribué à briser la chape de plomb imposée par la dictature de Bachar Assad. On relèvera également, parmi les personnalités arabes citées, la saoudienne Manal Al Sharif, qui a osé défier les lois anachroniques de la pétromonarchie wahhabite en se filmant en train de conduire une voiture, et en postant la vidéo sur YouTube. Un scandale qui a pris des allures de tremblement de terre en Arabie Saoudite, puisque d’autres femmes ont tenté de suivre son exemple, menaçant ainsi le très rigide ordre moral d’une société moyenâgeuse.

Pour rappel, le très sérieux hebdomadaire avait défrayé la chronique en 1979, en choisissant pour homme de l’année l’Ayatollah Khomeyni. Quoi qu’il en soit, et si certains peuvent émettre quelques réserves sur le choix des cent personnalités retenues par la revue, il n’en reste pas moins que cette liste est un indicateur important de la perception américaine de notre monde, aujourd’hui.  

Oualid C.