Tunisie : Marzouki, «l’Alsacien» qui préfère Hollande
Lundi, 07 Mai 2012 20:33

marzouki-hollande«Je pense que les amis Tunisiens de la France "voteront" majoritairement Mr François Hollande ce dimanche 6 mai. M. Nicolas Sarkozy  avait flirté longtemps avec Ben Ali entre Juin 2007 et 14 Janvier 2011, jusqu'à avoir autorisé le même jour l'envoi d'armes à Carthage pour tirer sur les Manifestants. Le fusible a été bestialement Michèle Alliot-Marie, mais pas convaincant».

Ainsi s’est exprimé Mohamed Chawqi Abid, conseiller économique auprès de la présidence de la République Tunisienne. Et l’avis de l’économiste n’est pas loin de refléter le sentiment général, dans la sphère des proches de  Moncef Marzouki. Dès l’annonce des résultats des élections, le président tunisien s’est en effet empressé d’envoyer un message de félicitations à son homologue français fraichement élu. Une petite consolation tout de même, du côté du président sortant : en récoltant 92,8% des voix en Israël, Sarkozy y a réalisé un score digne de son ami Ben Ali. Son adversaire, François Hollande, dépassera les 71% en Tunisie, et même les 87% en Algérie. Le Maghreb penche donc clairement vers le socialiste, même si les Libyens regretteront l’instigateur des frappes aériennes.

Moncef Marzouki «l’Alsacien»
Marzouki aura d’abord accompli ses études secondaires dans un lycée français, au Maroc. Puis il vivra plus de 25 ans en France. Une bonne quinzaine d’années passées entre ses études de médecine et son travail d’assistant à la faculté de Strasbourg. Il finira même par parler l’alsacien l’un de ces dialectes français mâtinés d’allemand, qui n’est aujourd’hui maîtrisé que par une infime minorité d’irréductibles gaulois d’ascendance germanique. Ce qui ne l’empêchera pas de retourner au pays, avant de quitter de nouveau la Tunisie, en tant qu’exilé, pour vivre encore dix ans en France.

Sa femme est française, et ses filles vivent encore en France. Le moins que l’on puisse dire, c’est que le président tunisien entretient donc des relations très étroites avec l’Hexagone. Dans un geste plutôt inattendu, il se permettra même d’adresser ses vœux de bonne année 2012, aux Français, via le journal Mediapart. Ce qu’il leurs a souhaités ?

«Que certains politiciens n'utilisent pas trop la carte de l'islamophobie car ce serait vraiment un choix qui n'aurait aucune valeur. La France n'est grande que dans la mesure où elle reste le pays d'accueil, le pays de refuge, le pays de la tolérance, le pays de la diversité culturelle». Une description qui ne correspond de toute évidence pas à la vision de Sarkozy, qui a tenté désespérément de drainer l’électorat du Front National, en versant dans la surenchère xénophobe et islamophobe. Autant dire que les relations entre Sarkozy et Marzouki étaient tout sauf cordiales. Et le tunisien n’aura de cesse de fustiger le gouvernement français, lui reprochant sa condescendance, et son soutien inconditionnel à Ben Ali entre autres joyeusetés.

françois hollande tunisie

La proximité de Ben Jaâfar
François Hollande, lui, qui a déclaré vouloir «convertir les dettes tunisiennes soient converties en dons», n’aura clairement pas un passif aussi chargé. Le président tunisien actuel aura même gardé quelques relations avec certaines figures de la gauche française. Même si sur ce point, Mustapha Ben Jaâfar, le président de l’Assemblée Constituante, dont le parti, le Forum Démocratique Tunisien pour les Libertés, est membre de l’Internationale Socialiste, est encore mieux placé. Le leader d’Ettakatol a en effet une proximité (idéologique ?) évidente avec le Parti Socialiste français. Autant de facteurs, donc, qui peuvent laisser prédire un net réchauffement des relations tuniso-françaises.

Oualid Chine

Tunisie : Marzouki, «l’Alsacien» qui préfère Hollande
 

Newsletter

Nom:
Email: