Jeudi, 15 Septembre 2011 18:27

erdoganLe Cheikh Rached Ghannouchi a tenu à attendre trois heures durant (de 18h à 21h) à l’aéroport Tunis-Carthage l’arrivée du très populaire premier ministre turc, en cette soirée du mercredi 14 septembre. Le chef de file du mouvement  tunisien d’inspiration islamique était accompagné de milliers de jeunes militants désireux de faire honneur au très populaire Erdogan.

Discours de bienvenue improvisé par le Cheikh, chants, slogans à la gloire du dirigeant d’Ankara, ont retenti dans l’enceinte de l’aéroport. Et même si les autorités ont voulu différer la rencontre entre les deux hommes, en interdisant au Cheikh l’accès au salon d’honneur, ils n’ont pu l’empêcher de donner l’accolade à l’invité de la Tunisie. Mais tous les partis islamisants de la région n’ont pas la même vision.

Les Frères Musulmans égyptiens, plus rigide dans leur vision politique, ont voulu clairement marquer leurs distances avec le chef du gouvernement turc lors de sa visite cairote. Essam el Eriane, l’ex-leader des Frères Musulmans d’Egypte et actuel numéro deux du Parti de la Liberté et de la Justice a en effet tenu à réfréner les ardeurs de ses compagnons. Certes, il a déclaré «apprécier» la Turquie et considérer Erdogan «comme un dirigeant de grande importance».  Mais c’est pour tempérer tout de suite après ses propos : «nous ne pensons pas que lui ou son pays doivent diriger seuls la région ou dessiner son futur» précise-t-il illico. C’est dire que l’accueil aux pieds des pyramides n’était pas uniquement marqué par la courtoisie.

La différence entre la position du mouvement islamiste égyptien et celle d’Ennahdha est donc d’autant plus flagrante. Et pour cause : la proximité idéologique et politique entre les formations tunisienne et turque est une donnée fondamentale. Les deux partis affirment en effet défendre à la fois une vision moderniste du fait religieux, et des principes politiques démocratiques et républicains. On est donc bien loin des surenchères wahhabites qu’a longtemps voulu exporter l’Arabie Saoudite à coups de pétrodollars. Faut-il d’ailleurs rappeler que le dirigeant d’Ennahdha était persona non grata au royaume saoudien et en République d’Iran ? C’est dire que les imprécateurs de Ryadh comme les ayatollahs persans ne portent pas dans leur cœur le Cheikh tunisien.   

Mais le réformisme parfois iconoclaste d’Ennahdha ne date pas d’hier et dérange dans un monde musulman trop longtemps prisonnier de l’obscurantisme de ses dirigeants politiques et religieux. Même si quelques réactionnaires aux idées bien arrêtées subsistent encore dans le mouvement tunisien.  Mais au vu du programme politique présenté par Ennahdha le jour même de l’arrivée d’Erdogan, l’aile dure du parti semble bien isolée. Et visiblement la ligne réformiste est bien parvenue à imposer son rythme. La différence entre le parti de Ghannouchi et celui d’Erdogan ? C’est peut-être que la formation tunisienne n’aura pas besoin d’accoucher dans la douleur d’un rejeton. Pour rappel, l’AKP d’Erdogan est bel est bien né d’une scission de la formation historique du très conservateur  Neccmeddine Erbakan.

Moez El Kahlaoui

Erdogan, Ennahdha, et les Frères Musulmans
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