La Poste Tunisienne et le Tunisiana ont signé, le mardi 20 septembre 2011 à Tunis, un protocole  d’accord pour le développement de  services de paiement via téléphone mobile. L’objectif affiché étant de «devenir les principaux moteurs de l'évolution de ce marché». Verra-t-on enfin les Tunisiens dégainer leur portable à la place de leur portefeuille ? Rêve ou réalité?

Le PDG de la Poste Tunisienne, M. Mohamed Zouhaier Basly et le DG de Tunisiana, M. Yves Gauthier, ont paraphé le protocole qui permet, aux deux partenaires  de «mettre en commun leurs efforts pour  booster le secteur du paiement mobile».

A noter que Tunisie Telecom a développé dès 2010, une formule de payement mobile, également en collaboration avec la Poste Tunisienne. Le fameux MobiDinar devait permettre aux abonnés de l’opérateur historique de recharger leurs lignes fixes prépayés, ou mobiles, de payer leurs factures via www.fatouranet.poste.tn, et d’effectuer des virements vers les comptes e-Dinar Smart.

La Banque Centrale de Tunisie a ainsi annoncé en grandes pompes, en juillet 2010, que le paiement par téléphone mobile a été lancé  pour viser dans un premier temps un groupe restreint de commerçants en attendant qu’il soit généralisé au plus grand nombre. Or force est de constater que le service en question est aujourd’hui bien loin de la «généralisation» souhaitée au départ.

C’est qu’en Tunisie, le payement mobile reste un épiphénomène. Alors même qu’ailleurs en Afrique, dans des pays comme le Kenya, l’Ouganda, la monnaie passe de plus en pus par les réseaux des télécoms. Mieux : c’est sur notre continent africain que le mobile payement a le plus de succès au monde. Sans doute aussi à cause du très faible taux de bancarisation qui sévit dans la plupart des Etats africains, 11% en moyenne, contre 50% en Tunisie. Ceci expliquant sans doute en partie cela.

Mais la grande nouveauté, c’est que la solution présentée aujourd’hui par Tunisiana s’ouvre aussi aux clients non-bancarisés. En clair, nul besoin d’avoir un compte bancaire pour en profiter. Les abonnés peuvent aussi encaisser les sommes envoyées sans même passer par l’e-dinar. Il leur suffira de présenter le code reçu au bureau de poste le plus proche.

Reste aujourd’hui à savoir si Tunisiana réussira, là où ses concurrents ont échoué. D’autant plus qu’il se bat actuellement sur plusieurs fronts à la fois. Pour rappel, le premier opérateur privé est aujourd’hui le seul du marché à ne pas pouvoir proposer la 3G. L’autorisation qu’il réclame n’a toujours pas été décernée. Tunisiana est donc clairement lésée en étant le seul opérateur des télécoms non-universel du marché tunisien.

S’agit-il donc, avant tout, dans ce contexte, d’une action de communication ou une solution alternative de paiement mobile crédible visant à être adoptée par la masse des Tunisiens ? Wait and see. En attendant, à part les étudiants qui s’acquittent de leurs frais d’inscription via le e-dinar, les Tunisiens semblent encore préférer les espèces sonnantes et trébuchantes aux monnaies virtuelles.

Souheil M'rad