Les pirates informatiques tunisiens visent désormais des cibles internationales. Dernière victime de leurs attaques : le ministère irakien du pétrole qui affiche sur l’une de ses pages la photo du jeune Yosri Trigui, exécuté le  16 novembre par le gouvernement de Bagdad.

Un hacker tunisien, dénommé GlaDiaT0R a piraté une page du site du ministère irakien du pétrole. L’acte est présenté comme une mesure de rétorsion à la pendaison du jeune tunisien Yosri Trigui, âgé de 27 ans, et accusé par les autorités irakiennes d’avoir mené des actes de terrorisme sur leur territoire.

«Nous n’oublions pas, nous ne pardonnons pas, nous ne sommes pas Anonymous, nous sommes Tunisiens» affiche le pirate sur cette page web, imitant justement les déclarations du groupe de pression international, les  célébrissimes Anonymous.

A noter que le gouvernement tunisien, ainsi que des partis politiques tels qu’Ennahdha, et le Congrès pour la République (CPR) avait adressé des demandes au gouvernement irakien pour tenter d’empêcher l’exécution de Yosri Trigui. Rached Ghannouchi lui-même serait intervenu en ce sens auprès des autorités de Bagdad. En vain. Puisque Yosri a été pendu le matin du mercredi 16 novembre.

Selon Halima Khaldi, la secrétaire générale de l’association des parents des prisonniers tunisiens en Irak, « le gouvernement intérimaire et les responsables politiques n’ont adopté aucune mesure effective pour défendre le Tunisien Yosri Trigui et annuler son exécution ou demander un jugement équitable conforme aux normes internationales». Mais voici que nos hackers se chargent d’honorer à leur manière la mort du jeune tunisien.  C’est à se demander si le piratage est en passe de devenir une arme politique en Tunisie. Une question légitime, dans la mesure où plusieurs partis politiques de notre pays ont déjà fait les frais des attaques de hacker.

Le mercredi 22 juin, la page d'accueil de ghannoushi.net a affiché un fond noir sur lequel se détachaient des questions affichées en blanc accusant interpelant le mouvement d'inspiration islamique sur «ses relations avec l’Emirat du Qatar» et sur les «vraies raisons de la visite rendue par une délégation d'Ennahdha aux Etats-Unis». En pleine campagne électorale, la page facebook du CPR a ainsi été détournée par les adversaires du parti de Abbou et de Marzouki. Plus récemment, c’est le Parti Démocratique Progressiste dirigé par Maya Jribi et Néjib Chebbi qui a été attaqué, avec un détournement de page fan détournée su facebook.

Mais visiblement, le hacking à la tunisienne vise désormais ses cibles à l’international. Et vu l’expérience acquise lors des années marquées par les ravages d’Ammar 404, cette sombre époque où la police cybernétique de Ben Ali tentait de contrôler le Net, nos hacker sont assez armés pour constituer une force de frappe non négligeable.

Moez El Kahlaoui

MAJ : En ce vendredi 18 novembre 2011, le site web du Conseil irakien de la Magistrature a également été piraté par des hackers tunisiens. Sur le site attaqué, retentit désormais l’hymne national tunisien.