Le nom de domaine tunisie.com n’appartient plus à notre pays. Il a été vendu à un Français, puisque l’Etat tunisien, qui, jusqu’ici en était le propriétaire, ne l’a pas renouvelé à temps. La Tunisie.com est ainsi passée entre des mains françaises, plus précisément, entre celles de la société MTCOM sarl, spécialisée dans la conception de sites internet.

Pour rappel, le nom de domaine tunisie.com a été créé le 26 février 1996. Et au-delà de la photo de Ben Ali qu’il arborait en page d’accueil, le site afférent proposait des informations sommaires sur notre pays. A la même adresse, le site se veut désormais destiné au tourisme. Un joli coup, donc, pour l’agence française, qui a profité de la période d’instabilité révolutionnaire pour prendre possession de la Tunisie.com. Une nouvelle forme de colonisation virtuelle, ou simple cybersquatting ? 

C’est l’Agence Tunisienne de la Communication Extérieure (ATCE) qui était chargée de gérer jusqu’ici l’image du pays à l’étranger, et à ce titre, les sites web gouvernementaux faisaient partie de ses prérogatives. On se souviendra du reste qu’avant la Révolution, et la dissolution de l’agence en question, tous les sites web officiels et officieux arboraient à leur page d’accueil le portrait de Ben Ali. Une place «d’honneur» disputée par l’ex-régente de Carthage quand le règne de son mari honni tirait vers sa fin. La donne a changé. Exit, donc, ceux qui dépensaient sans sourciller des millions de dinars pour faire reluire leur image dans les médias étrangers.
Reste à poser une question : A qui devrait revenir désormais la gestion des noms de domaines tunisiens relevant de l’Etat ? Une question qui se pose avec d’autant plus d’acuité depuis que le ministère de la communication n’est plus, et que l’ATCE a été dissoute.

Le manque de vigilance, la nonchalance avec laquelle visiblement ce dossier a été jeté aux oubliettes est clairement regrettable. D’autant plus que le capital sympathie dont dispose actuellement la Tunisie Révolutionnaire, rend un nom de domaine comme Tunisie.com très précieux.
Au-delà de sa vocation fraichement acquise de militant libertaire sur le Net, notre Agence Tunisienne de l’Internet (ATI), dans sa nouvelle forme, ne devrait-elle pas contribuer à protéger les intérêts de l’Etat sur le World Wide Web ? Sinon, allons-nous assister, impuissants, à la vente, de nos noms de domaine étatiques à des étrangers, pas nécessairement bienveillants ?

Walid Ben Sahbi