Lundi, 02 Mars 2015 20:05

La campagne de lynchage médiatique contre les professeurs grévistes est lancée. Stigmatisés, critiqués, ridiculisés dans des sketches télévisés, les professeurs sont accusés de s’enrichir sur le dos des citoyens, de frauder en catimini le fisc, et même de mettre en péril le fragile équilibre budgétaire. Rien que ça.

Or selon la direction générale de l’enseignement secondaire au sein du ministère de l’éducation, le montant des revendications matérielles concernant les 70.000 enseignants est estimé à 205 millions de dinars. Une somme qui paraît importante pour le citoyen lambda déjà frappé de plein fouet par l’inflation. Sauf que ce ne sont pas réellement nos profs qui risquent de grever le budget national.

Dans une note publiée en janvier 2013, l’intermédiaire financier Maxulabourse a révélé que les prêts non productifs du secteur bancaire s’élèvent à 7 milliards de dinars dont une grande partie des créances douteuses provient des trois banques publiques, à savoir la BH, la STB et la BNA. La Banque Centrale a même estimé que ce montant pourrait même atteindre les 10 milliards de dinars. Soit près de 25 fois la somme globale réclamée par les professeurs grévistes.

De  son côté, M. Laurent Gonnet, spécialiste en chef du secteur financier, à la Banque Mondiale, a affirmé lors d’une conférence tenue à Tunis, le 16 juillet 2013, que  «l’audit des trois banques publiques (BH, BNA et STB) générera entre 17 et 20 milliards de dinars de crédits supplémentaires».

Le problème, c’est que les autorités politiques ont déjà fait leur choix. Celui de faire payer les citoyens (profs compris) pour les dettes douteuses accumulés par les proches du régime de Ben Ali. L’audit est donc sans cesse ajourné, et qu’importe si l’opération devait permettre non seulement de renflouer le budget, mais aussi de répondre aux revendications des professeurs, et même de remettre en état les établissements scolaires décrépis de la Tunisie profonde.

Que le contribuable lambda finance les dérives mafieuses d’une élite économique corrompue ne choque pas les médias prompts à clouer au pilori les éducateurs. Etonnamment, ces mêmes médias encensaient l’Ugtt avant les élections, qualifiant les grèves à répétition d’actes de résistance. Cherchez l’erreur.

Moez E.K

Grève des profs : Contrevérités sur le budget
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