Mercredi, 17 Octobre 2012 13:26

motus-tunisieLa grève de la presse annoncée en Tunisie pour ce mercredi 17 octobre est d’ores et déjà un succès. Radios, presse électronique ou imprimée de différentes sensibilités ont massivement déclaré leur soutien à l’initiative du Syndicat National des Journalistes Tunisiens (SNJT).

Une décision motivée par les pressions grandissantes exercées par le nouveau pouvoir politique. Des pressions matérialisées par des nominations controversées, et des déclarations ministérielles mettant explicitement en cause la liberté de ton fraichement acquise de nos médias. Or manifestement, la profession a massivement exprimé, ce mercredi, son refus intransigeant de la mise au pas.

La télévision nationale a annoncé que le téléjournal se limitera à cinq minutes consacrées à la lecture des titres de l’actualité par une voix off. On aura même noté que des titres habituellement peu critiques, voire complaisants, à l’égard de la Troïka, ont fini par se résoudre à afficher la bannière des grévistes. Au niveau international, pas moins de 360 médias arabes ont répondu à l’appel du SNJT relayé par l’Union des Journalistes Arabes. Une grève d’une heure sera ainsi assumée par des radios, journaux, télévisions, dans des pays frères, en signe de solidarité. C’est dire que ce 17 octobre demeurera marqué comme une victoire des journalistes tunisiens. Ennahdha aura réussi le tour de force de mobiliser contre elle toute une profession.

Le syndicat des journalistes a résisté et n’a pas plié face à la dictature devant laquelle il s’est dressé pour défendre l’honneur d’un métier malmené par le monolithisme de la langue de bois imposé. Malgré le putsch, et les tentatives de briser son unité, les défenseurs de la liberté d’expression se sont dressés même durant la répression sanglante des premiers balbutiements de la Révolution. La résurgence des rugissements de Néji Bghouri  en vidéo sur les réseaux sociaux attestent des combats menés. Et voici que le SNJT bat à nouveau le rappel des troupes pour resserrer les rangs.

Parce qu’il n’y aura jamais de vie politique saine sans liberté de la presse. Sans information crédible et fiables, même l’économie est grippée. Les revendications fusent et s’érigent contre ceux qui voudraient voir l’information domestiquée et vendue au plus offrant.  Le cas de Dar Assabah est à cet égard particulièrement flagrant. Le nouveau pouvoir en est arrivé à négocier en catimini avec certains éléments qui ne sont pourtant guère en odeur de sainteté.

La profession et tous ses représentants sont-ils pour autant au dessus de tout soupçon ? Clairement non. Quelques barons des médias de Ben Ali continuent de faire la pluie et le beau temps dans un secteur aussi sensible que stratégique, dans ce contexte de transition démocratique. D’un autre côté, des mercenaires de la presse de caniveau continuent de sévir, et seront même pardonnés pour peu qu’ils veuillent bien servir les nouveaux maîtres, sans devoir se justifier. Or le succès même de cette grève, atteste du nouveau sens des responsabilités des journalistes tunisiens. Et le soutien populaire qui leur est désormais accordé, démontre, aujourd’hui plus que jamais, que la démocratie est bel et bien en marche en Tunisie. Et rien ne pourra l’arrêter.

Soufia Ben Achour

Tunisie : Victoire des journalistes en grève
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