Cette affaire a fait le buzz au début de cette semaine. Il s’agit d’un article intitulé «Meherzia, 53 ans, a gravi tous les échelons sans jamais apprendre à lire et écrire», qui a été publié le 16 février par le journal français «Le Monde», dans le cadre d’un dossier sur «l'illettrisme des cadres». Et en l’occurrence, il s’agit d’une «française d’origine tunisienne» qui a fait une belle carrière dans un supermarché, en étant à la base, complètement analphabète.

Sauf que le témoignage publié par le quotidien n’indique aucun nom, et se contente de mentionner «Meherzia», comme le précise d’emblée l’article qui a été massivement partagé sur certaines pages Facebook tunisiennes.  Dans un contexte de guerre politique permanente, des petits malins ont cru bon de faire passer cette femme, pour la vice-présidente de l’Assemblée Nationale Constituante.

Certains se sont laissé prendre à cette confusion savamment entretenue. D’autres, au contraire, ont dénoncé ce qui constitue, à raison, une intox caractérisée. Quoi de plus habituel, sur Facebook, cette véritable machine à propager des rumeurs…

Mais l’affaire ne s’est pas arrêtée là. Le quotidien arabophone «Le Maghreb», qui a déjà défrayé la chronique pour une couverture un peu trop "photoshopée", a de nouveau mis les pieds dans le plat. Il vient en effet de publier, dans son édition de ce vendredi 15 mars, une traduction de ce même article, en page 24, sous sa rubrique «culturelle». Avec un petit «plus» maison, histoire «d’épicer» une info qui serait bien fade, sans cette petite dose «d’harissa», pour titiller les papilles du lecteur.

Dans «Le Maghreb», on apprend ainsi que «Le Monde» aurait publié «un article sur Meherzia Laâbidi, décrivant l’ascension ultra-rapide de l’actuelle vice-présidente de l’Assemblée Nationale Constituante». Des indications qui n’étaient pourtant nullement mentionnées dans la version française originale (voir ci-dessous). Autant dire que l’on n’apprécie guère cette cuisine médiatique, quelles que soient les réserves que l’on peut émettre sur les positions politiques de Mme Laâbidi. Une question de goût, sans doute.

Moez E.K