Mercredi, 19 Septembre 2012 19:55

charlie-hebdoComment expliquer qu’un film de série Z, et des caricatures racoleuses puissent malmener l’image de la Tunisie au point de mettre en cause ses relations internationales ? Qui sont les principaux responsables de la rapide dégradation du climat de confiance ? Ces œuvres aussi abjectes que racoleuses mettent aussi à nu les carences tunisiennes.

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Les caricatures visant l’Islam et son Prophète publiées par le journal Charlie Hebdo créent une nouvelle crise avant même que la moindre manifestation ne soit annoncée. L’extrême violence qui s’est déchaînée le vendredi 14 septembre et dont l’ambassade et l’école américaine ont été la cible est encore dans les esprits. Et voici que la France annonce la fermeture de ses ambassades, consulats, écoles et centres culturels dans une vingtaine de pays vendredi, après la publication de caricatures de Mahomet dans l'hebdomadaire satirique "Charlie Hebdo".

Le ministère français des Affaires étrangères a souligné qu'il s'agissait d'une mesure de «précaution». L'ambassade de France à Tunis a annoncé sur son site Web que les écoles du réseau français et l'Institut français de Tunisie étaient fermés de mercredi à lundi matin, mais que l'ambassade et ses service ne le seraient que vendredi. « C'est à titre préventif. Nous n'avons reçu aucune menace directe », a cependant indiqué l'ambassade de France en Tunisie.

charlie-hebdoTaoufik Mjaied, rédacteur en chef à France 24 a indiqué, sur les ondes de Mosaïque FM que «Cette décision  est déjà un signe de manque de confiance en la réaction du peuple tunisien par rapport à ces caricatures». Et pour cause : les flagrantes défaillances sécuritaires tunisiennes du 14 septembre incitent en effet à la prudence et suscitent les craintes.

Autant de raisons, donc, qui ont incité Laurent Fabius, le chef de la diplomatie française,  à donner «des instructions pour que dans tous les pays où cela peut poser des problèmes, on prenne des précautions de sécurité particulières», avec le renforcement de la sécurité des ambassades et consulats.

Dans ce contexte déjà tendu à l’extrême, certains médias français ne contribueront pas à détendre l’atmosphère. La radio Europe1 diffusera le témoignage d’un français en Tunisie qui déclarera «il y a de quoi avoir des craintes», regrettant qu’en Tunisie, «la sécurité n’est plus ce qu’elle était». L’homme qui se présente comme étant le père de deux enfants scolarisés au lycée français de La Marsa, fera ainsi remarquer : «Avant, c’était un Etat policier, donc les policiers, on les voyait partout, au moins il y avait la sécurité» relevant que «maintenant, ce n’est plus le cas, et le climat est assez détestable».

Des déclarations qui rappelleront aux Tunisiens celles de Michèle Alliot Marie, l’ancienne ministre de Sarkozy, qui avait proposé le savoir-faire sécuritaire à Ben Ali au cas où il aurait besoin d’aide… Une position qui ne fait pourtant pas l’unanimité, puisque le journaliste David Thomson correspondant de France Info et de Rue89 à Tunis, révélera que «certains français vivant en Tunisie ont l'intention de porter plainte contre Charlie Hebdo».

Il n’empêche. Près de deux ans après la Révolution, voici que l’image de la Tunisie resplendissante après le soulèvement pacifique qui aura poussé le dictateur à la fuite, en vient aujourd’hui à être gravement malmenée. Les violences auxquelles se sont livrés les groupes extrémistes auront réussi à ternir l’image de la Tunisie. Mais le laxisme à l’égard de ces mouvements, la calamiteuse politique sécuritaire du gouvernement y auront aussi largement contribué. Au final, le film de série Z et ces caricatures aussi abjectes que racoleuses servent aussi de révélateur, en mettant à nu les carences tunisiennes.

Soufia Ben Achour

Lire aussi: Charlie Hebdo, image de l’islamophobie ordinaire

Tunisie-France : Ces caricatures qui nous mettent à nu
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