Dimanche, 25 Septembre 2011 00:52

borhene-bsaiesL’émission « Essaraha raha» animée par Samir El Wafi et consacrée à Borhene Bsaies a fini par passer sur Hannibal Tv, en cette soirée du samedi 24 septembre. Après avoir été retardée, reportée, repoussée. C’est que l’invité, M. Bsaies, n’est pas le premier venu. Même amaigri, il incarne à lui seul le système médiatique bâti par Ben Ali, et dont Abdelwahab Abdallah a été l’architecte.

Non parce que Bsaies ait eu des responsabilités particulières, encore moins parce qu’il a été plus coupable que d’autres. Mais simplement parce qu’aucun autre que lui n’a autant joué (si brillamment) le rôle de porte-parole du régime de Ben Ali. Et ce que Bsaies a rappelé, au cours de son passage télé, en faisant semblant de ne pas y toucher, c’est que tout l’édifice médiatique de la dictature obéissait aux mêmes normes.

Ce qu’il faut savoir, c’est qu’une autorisation de publication sous Ben Ali valait son pesant d’or. Les hommes qui l’obtenaient étaient façonnés par la machine et servaient d’engrenage dans le système infernal. En clair : n’obtenaient ces précieuses licences que ceux qui avaient rendu de très précieux services au régime. Rapports policiers sur des opposants, sur des collègues, désinformation…  En échange, ces hommes recevaient contre leurs bons et loyaux services des autorisations de publication, de diffusion radiophonique ou télévisée, des prébendes publicitaires sur le web…

Dans la presse imprimée, certains «journalistes» bombardés rédacteurs en chef n’étaient pas capables d’écrire correctement trois lignes. Et il ne s’agit pas ici d’une figure de style, ni d’une façon de parler. Cette phrase veut simplement dire ce qu’elle exprime : des personnes qui avaient le titre de rédacteurs ne savaient simplement pas rédiger. Alors qu’il ne viendrait à l’esprit de personne qu’il puisse y avoir un forgeron qui ne sache pas se servir de l’enclume, ou qu’un menuisier ne sache pas raboter. Car si on embauche un forgeron pour forger, le rédacteur, sous Ben Ali, n’est pas nécessairement appelé à rédiger. Du moins pas des articles journalistiques fussent-ils pour la presse de caniveau. Son boulot a une autre dimension nettement plus utilitaire. Dissuader ses collègues de jouer les Don Quichotte de papier, par exemple. Ou encore servir de courroie de transmission entre les services de sécurité et une certaine opposition qui n’a pas toujours été aussi révolutionnaire.

 Le problème ? C’est que ce sont ces mêmes journaux, ces mêmes chaînes de télévisions, ces mêmes radios, ces mêmes journaux électroniques, qui continuent de drainer l’audience, de faire la pluie et le beau temps dans la Tunisie d’après le 14 janvier. Ces médias n’ont même pas changé de mains ni même d’homme de paille, ne serait-ce que pour sauver les apparences. Ces mêmes médias qui nouent de nouvelles alliances politiques, pour s’inscrire dans la durée, et se permettent même l’arrogance de remettre en cause les instances du gouvernement de transition. Pis : si Bsaies est apparu avec dix bons kilos en moins, ses petits amis, qui font semblant de l’avoir oublié, continuent d’engraisser.

Marwene El Gabsi

Borhene Bsaies ou le procès des médias de Ben Ali
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