Samedi, 01 Octobre 2011 03:08

nadia-elfaniLe Comité Laïcité République a décerné, le vendredi 30 septembre, son «Grand Prix 2011 de la laïcité» à Nadia El Fani, la réalisatrice franco-tunisienne du film «Laïcité Inch Allah», intitulé dans un premier temps «Ni Dieu, Ni Maître», et à Natalia Baleato, directrice d’une crèche. Quels rapports entretiendrait le cinéma tunisien avec un jardin d’enfants français ?

Le film de Fani avait suscité des réactions violentes lors de sa projection, en juin dernier, au cinéma AfricArt. Des avocats ont même porté plainte contre la réalisatrice, «pour atteinte aux valeurs islamiques». Et la plainte en question a été jugée recevable par la justice tunisienne.  De plus, le bail du cinéma Africart risque de ne pas être renouvelé suite à ces événements, et une pétition circule en ce moment même sur le web pour appeler à sauver le «seul cinéma en Tunisie à proposer une programmation intelligente et variée, un ciné-club, un espace de liberté et de culture».

Mais Nadia El Fani soulevait déjà la controverse, dès 2003, en abordant l’homosexualité féminine dans son film «Bedwin Hacker». C’est dire que la réalisatrice qui affiche publiquement son athéisme, ne reconnait aucune entrave à la liberté d’expression. Et elle ne perd aucune occasion de réaffirmer qu'il "faut imposer la laïcité en Tunisie". Reste à savoir si Nadia El Fani représentera un soutien de poids pour le camp des défenseurs de la laïcité dans notre pays, dans un contexte électoral relativement tendu. D’autant plus que l’institution qui lui a attribué ce prix, semble avoir des critères de sélection assez particuliers.

Licenciée à cause du hijeb
Le Grand Prix de la laïcité de cette année a ainsi également récompensé Natalia Baleato, directrice d’une crèche privée. Mme Baleato a été primée  pour avoir licenciée sa directrice-adjointe musulmane, qui tenait à garder son hijeb sur les lieux de son travail. L’affaire, qui date de l’année 2008, a été portée devant les tribunaux, mais la justice française a fini par débouter l’employée voilée. Le 13 septembre 2011, la cour de Versailles (dans la région parisienne) a en effet jugé que le port du foulard islamique dans une crèche de banlieue, méritait le licenciement.

A noter que Le Comité Laïcité République (CLR) a été fondé en France en 1991, en réaction, justement,  à l’affaire dite du «foulard islamique». Une élève avait à l’époque défrayé la chronique hexagonale en refusant d’ôter son couvre-chef à l’école de la République Française. Et c’est Patrick Kessel, un journaliste, et ancien grand maître du Grand Orient de France (il s'agit donc d'une haute personnalité de la franc-maçonnerie française, comme précisé sur le site même du CLR ), qui préside aux destinées de ce comité. Pour rappel, le CLR a notamment défendu les caricaturistes qui s’en sont pris au Prophète Mohammed. On peut donc prévoir que Nadia El Fani rebondira probablement sur une nouvelle controverse.

Et voici que M. Kessel compte bien donner son avis sur les changements en cours en Tunisie. Même s’il se défend de vouloir s’immiscer dans nos affaires intérieures. Il affirme ainsi «Ce qui se joue sur toute la rive sud de la Méditerranée et d’abord en Tunisie, aura des conséquences lourdes sur nos propres enjeux ici et bientôt». Autant de raisons, donc, pour les Français, de s’intéresser de près à notre cinéma. Et cela n’a sans doute rien à voir avec les élections.

Moez El Kahlaoui

Le vrai prix de la laïcité de Nadia El Fani
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