Lundi, 27 Mai 2013 00:53

kechiche reçoit la palme d'or«Je voudrais dédier ce prix à cette belle jeunesse de France qui m'a beaucoup appris sur "l'esprit de liberté", "le vivre-ensemble", ainsi qu'à "une autre jeunesse, celle de la Révolution Tunisienne, pour son aspiration à vivre librement, s’exprimer librement, et aimer librement».

Ce sont les mots choisis par Abdellatif Kechiche lors de la cérémonie de clôture de la 66 ème édition du Festival de Cannes. Une édition fortement marquée par l’empreinte du cinéaste tuniso-français, à qui a été remis la Palme d’Or, en ce dimanche 26 mai, pour son film «La vie d’Adèle».

Une consécration dument saluée même sur la rive sud de la Méditerranée, malgré le sujet de ce film controversé. «Abdellatif Kechiche a eu la palme d'or à Cannes ... j'en suis fier et quelle fierté» s’exclamera le réalisateur Ridha Behi, qui lui a offert le premier rôle dans son film «La boîte magique» (2002).

Pour Ferid Boughedir, l’auteur de «Halfaouine, l’enfant des terrasses» (1990), «Abdellatif Kechiche représente un cas unique est presque miraculeux d’acteur maghrébin autrefois confiné dans de petits rôles et qui, après être passé derrière la caméra, devient un réalisateur majeur qui bouleverse et rénove le cinéma français».

L’homme de théâtre Raja Farhat, qui brûle actuellement les planche avec «Bourguiba dernière prison», prendra des accents lyriques pour déclamer un éloge appuyé au cinéaste primé : «Abdellatif Kechiche n'est prisonnier d'aucun territoire tribal, d’aucune entrave, il vogue libre sur les lèvres du monde du vivant! C'est aux confins de la création qu'il restitue le souffle particulier de l'œuvre particulière! Sa palme d'or est une palme de liberté hors des sentiers vaseux des conventions archaïques, si étrangères au mouvement littéraire et artistique qui change la vie des gens»!

Dans un autre registre, moins artistique, cette fois-ci, Karima Souid, la députée à l’Assemblée Nationale Constituante  déclarera, à l’issue de l’annonce du palmarès de ce festival de Cannes 2013, «ce soir la guerrière de la binationalité s endort reposée le temps d une nuit ...fière d être binationale».

Et si le couronnement de ce film risque de gêner les responsables tunisiens aux entournures, Ahmed Néjib Chebbi, lui, ne craint pas de se dire «ému jusqu'aux larmes», et d’y voir «une reconnaissance de la créativité tunisienne, un hommage rendu à la longue marche de tous les cinéastes et artistes tunisiens». Pour conclure, le leader du Parti Républicain (Al Joumhouri) affirme dans un message (écrit en français) sur sa page Facebook : «j'espère que les Tunisiens, tous les Tunisiens, par delà leurs clivages idéologiques, y voient la consécration de l'Art et un hommage rendu à la jeunesse et à la révolution tunisiennes».

kechicheOr vu la thématique centrale de «La vie d’Adèle», rien n’indique que les espoirs que Néjib Chebbi dit entretenir, ne soient pas déçus. Les «clivages idéologiques» (doux euphémisme) ne sont en effet pas près d’être dépassés. A cet égard, le cinéphile Hisham Ben Khamsa, organisateur du festival de cinéma américain indépendant «Views of America», ne se fait pas autant d’illusions, sur un film qui n’a a priori aucune chance de passer dans les salles de cinéma tunisiennes. D’une lucidité à toute épreuve, Ben Khamsa affirmera ainsi : «Je crois que pour voir ‘’La vie d’Adèle’’ d'Abdellatif Kechiche dans son pays natal, nous devrons tous être reconnaissants aux vidéo clubs et à l'industrie du piratage en Tunisie».

Soufia B.A

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