Jeudi, 30 Janvier 2014 19:43

Mourad Sakli, le nouveau ministre de la Culture qui s’est illustré en dirigeant l’une des plus brillantes éditions du Festival de Carthage, promet, à la tête de ses nouvelles fonctions, de se pencher sur «les dossiers de la propriété intellectuelle et de son application réelle sur le terrain».

C’est en tous cas ce qu’il annonce, entre autres, dans un statut publié sur sa page Facebook, ce jeudi 30 janvier.

Le ministre est également revenu sur ce même sujet, lors de la cérémonie organisée le même jour lors de sa prise de fonction officielle, en présence des cadres  du département. Dans une déclaration rapportée par la Tap, M. Sakli a en effet évoqué «la protection des droits d'auteur et de la propriété intellectuelle et littéraire». C’est dire qu’il s’agit d’une question, qui paraît particulièrement préoccuper le nouveau ministre.

Pour rappel, l’article 41 de la nouvelle Constitution tunisienne affirme explicitement que «la propriété intellectuelle est garantie». Même si la loi n’a pas encore clairement défini dans quelle mesure il s’agira de «protéger» la propriété intellectuelle en question, et à quel prix. Une question pourtant cruciale, en Tunisie, où les boutiques de gravure de DVD de films piratés se comptent par dizaines de milliers. C’est d’ailleurs l’un des signes extérieurs les plus flagrants, dans notre pays, du peu de cas qui est fait de la «propriété intellectuelle». Même si la majorité de ces magasins proposent plus les blockbusters de Hollywood plutôt que les films tunisiens.

Reste à savoir dans quelle mesure, le ministre nouvellement nommé veut, selon ses dires, passer à «l’application réelle sur le terrain» de la propriété intellectuelle. D’autant plus que du côté des principaux intéressés, à savoir, les cinéastes, on est plutôt partagé sur le sujet. Ainsi, un réalisateur comme Nouri Bouzid, s’est ouvertement déclaré, dès mai 2010, favorable au piratage le plus débridé, y compris de ses propres long-métrages, histoire de permettre à un maximum de cinéphiles de les apprécier, dans un contexte où les salles de cinéma ferment les unes après les autres. La propriété intellectuelle passe donc à la trappe, pour les besoins de la cause.

Or dans des conditions comparables, dans un pays comme le Maroc, les autorités n’ont pas hésité à détruire des centaines de milliers de DVD gravés, et à tenter d’interdire ce type d’activités, après avoir signé des conventions internationales qui poussaient en ce sens. Le 1er octobre 2011, le Royaume a en effet signé l’Accord Anti-Contrefaçon (Acta, pour Anti-Counterfeiting Trade Agreement). Faut-il, dès lors, s’attendre à un scénario similaire en Tunisie, sous la pression de nos puissants partenaires étrangers, et les Américains en particulier ?

Pour sa part, Slim Amamou, ex-secrétaire d’Etat auprès du ministère de la Jeunesse, et militant du Parti Pirate, fait remarquer, dans une interview publiée en décembre 2012, par Webdo, sur ce thème brûlant, que «ce sont plus de 100 000 petites entreprises en Tunisie qui risquent de disparaître et avec eux des milliers d'emplois et des familles dont la survie économique est menacée. L'impact économique et social est dramatique». Voici donc Mourad Sakli averti.

Soufia Ben Achour

Mourad Sakli défend la propriété intellectuelle
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