Lundi, 05 Mars 2012 02:16

sihembadi-djcostaQui a dit que nos rappeurs allaient cesser leurs critiques après la Révolution ? Voici que DJ Costa ouvre le feu contre Sihem Badi, la ministre des Affaires de la femme et de la famille, issue du Congrès pour la République. La trêve a donc été de courte durée.

C’est dans la soirée du dimanche 4 mars que DJ Costa a lancé son dernier missile balistique. Le rappeur n’avait pas craint, sous la dictature de Ben Ali, de sortir des chansons particulièrement critiques à l’égard du régime. Le morceau «Royal Mafia» avait déjà tiré à l’artillerie lourde contre le système, bien avant qu’El Général ne dégaine son «Rayyes Lebled». Or les Tunisiens, politiciens y compris, savent quel poids ont désormais les rappeurs et les représentants de l’underground. Et ceux qui n’ont pas encore jusqu’ici  saisi l’impact de leurs chansons, risquent de l’apprendre à leurs dépens.

dj-costaDJ Costa tire. Et sa dernière cible en date, est Sihem Badi. Elle s’est retrouvée sous le feu de la critique pour avoir déclaré, dans le journal «Al Blad», sur le recrutement de Dhekrayet Maâter, la fille de son collègue  Abdelwahab Maâtar (également du CPR), ministre de l'Emploi et de la formation professionnelle, «ceux qui ne sont pas d’accord peuvent boire l’eau de la mer». Or ceux à qui cette décision risque de ne pas plaire, ne sont pas nécessairement tous des politiciens du camp adverse. Les premiers concernés sont avant tout nos jeunes sortis à tours de bras de nos usines à chômeurs que sont devenues nos universités. Or les Tunisiens ont pensé en avoir fini avec le copinage et les pistons. Mais ils ont en dernier recours leurs portevoix, et parmi eux, DJ Costa.

Un rappeur engagé et enragé qui n’a pas craint de se frotter à la répression policière, pour diffuser des chansons comme autant de boulets de canons. Certes, il lui arrive de forcer le trait. Certes, on ne peut en aucun cas traîner dans la boue un gouvernement à la légitimité issue des urnes, et choisi en toute conscience par le peuple. C’est que la verve venimeuse de DJ Costa pousse très loin le bouchon. Mais on ne va tout de même pas demander à un rappeur de modérer ces lyrics, alors que nos ministres multiplient les dérapages qui se payent cash. Et c’est la facture qui risque d’être salée.

Parce que c’est d’abord au responsable politique de savoir mesurer ses propos. Surtout  dans un contexte marqué par le chômage endémique de nos jeunes diplômés. La situation sociale est donc suffisamment grave, pour qu’en plus, un ministre ne se permette de pousser à ce point la provocation, au risque d’aggraver les tensions, voire d’alimenter la désillusion. Or ce n’est pas leur demander la boire que d’exiger de nos ministres plus de compréhension, et de considération.

D’autant plus que les Tunisiens ne sont plus disposés à avaler aujourd’hui les couleuvres, quels que soient ceux qui prétendent leur faire avaler la tasse. DJ Costa vient de le rappeler.

Lotfi Ben Cheikh

DJ Costa fait boire la tasse à Sihem Badi
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