Lundi, 12 Décembre 2011 16:26

tunisie-republiqueLa mini-constitution adoptée par l’assemblée constituante dans la longue nuit du samedi 10 décembre, a permis de fixer les conditions auxquelles devra répondre le président de la République Tunisienne. Les critères requis sont certes controversés. Mais ils ont été strictement définis par l’Assemblée.

Ainsi, les binationaux, ne pourront pas prétendre accéder un jour au titre de Président. Les émigrés de longue date qui disposent d’un deuxième passeport, leur descendant, la plupart des enfants des mariages mixtes, les fils des communautés d’origine italo-maltaises, ne pourront pas être élus à la tête de la République. Les Beurs pourront être ministres ou secrétaire d’Etat en France, qu’ils n’espèrent pas devenir un jour Président de la Tunisie. Même les propres enfants de Moncef Marzouki, ne peuvent prétendre voir scintiller de près, les ors de la République.

Le président tunisien doit être musulman, et devra jurer sur le Coran, sa fidélité à la Tunisie. Seront donc également exclus les libres-penseurs connus publiquement pour leur athéisme, les convertis au christianisme, les 100% tunisiens mais d’ascendance israélite, et les bahaïs très discrets mais agissants.

Notons que nos députés n’ont cependant pas exclu les chiites (et leur nombre grandit en Tunisie), ni les sunnites de rites autres que Malékite (à l’époque des Beys, les hanéfites avaient leurs propres cadhis). En d’autres termes, un musulman Hanbalite ou wahhabite, (et il y en a, à voir les niqab et les qamis) pourrait accéder sans problème au Palais de Carthage. La Tunisie postrévolutionnaire est donc ouverte et ses dirigeants savent présenter des propositions nuancées.

Il paraît que la Révolution Tunisienne est celle de la jeunesse. Sauf que les jeunes en question doivent vieillir s’ils veulent accéder au poste de commandement. Puisque la présidence est strictement interdite aux moins de 35 ans. C’est un peu comme le cinéma du Colisée, donc, mais en plus restrictif. En d’autres termes, les jeunes ne pourront pas goûter aux fruits les plus juteux de leur propre Révolution. Mais après tout, que serait le patriotisme sans esprit de sacrifice ?

Mais voici de quoi consoler tous ceux qui ne pourront pas devenir Président. Ennahdha ayant préconisé, revendiqué (et obtenu) un système parlementaire, c’est le Premier Ministre qui détiendra les vrais pouvoirs, au sein de l’exécutif.

Ainsi, le président (symbolique) ne définit les grands traits de la politique étrangère, qu’avec l’appui et la collaboration active du Chef du Gouvernement. Et si le locataire de Carthage est théoriquement le « chef suprême des forces armées», il ne peut nommer ou destituer les officiers supérieurs qu’avec l’accord du premier ministre.

Même le Muphti, celui que les Tunisiens attendent comme le Messie pour l’annonce de l’Aid, après le Ramadan, ne pourra pas être nommé par le Président sans l’assentiment de l’omniprésent ministre.

Nous espérons donc avoir consolé les inconsolables, réconforter tous les Tunisiens assis sur des sièges inconfortables. Qu’on se le dise : la présidence n’est pas une sinécure. Pensez plutôt au gouvernement, et pourquoi pas, au califat.

Marwene El Gabsi

A tous ceux qui ne seront pas Président de la Tunisie
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